L’éventuelle expansion des pouvoirs du Premier ministre et la suppression prévue de deux organes gouvernementaux majeurs au Sénégal soulèvent des questions cruciales quant à l’avenir politique et économique du pays. Si ces initiatives se matérialisent, elles pourraient avoir des répercussions significatives.
La proposition d’accroître les pouvoirs du Premier ministre représente un changement majeur dans la structure du gouvernement sénégalais et la nomenclature des Institutions du pays. Cela pourrait potentiellement renforcer l’efficacité de la gouvernance en permettant une prise de décision plus rapide et une mise en œuvre plus efficace des politiques.
Au regard de l’histoire récente du Sénégal, ce renforcement des pouvoirs du Premier ministre, incarné par la figure charismatique d’Ousmane Sonko, peut en effet être interprété comme une forme de revanche de l’Histoire au Sénégal, c’est-à-dire vaincre après avoir eu le dessous.
Rappelez-vous, Ousmane Sonko, largement adulé par une grande partie de la population, s’est vu refuser la possibilité de se présenter à la présidentielle par le régime d’alors, dirigé par M. Macky Sall. Dans cette optique, accorder davantage de pouvoirs au Premier ministre peut être perçu comme une manière de lui donner l’opportunité de gouverner malgré cette exclusion, c’est laver son honneur, c’est effacer ses frustrations..
C’est même une forme de justice, où Sonko, bien qu’évincé de la course à la présidence, se voit octroyer les moyens nécessaires pour mettre en œuvre les idées et les valeurs qu’il incarne et pour lesquelles il a été soutenu par de nombreux Sénégalais pendant des années. Ce serait une façon pour lui de gouverner sans avoir constamment besoin de l’approbation ou du soutien direct du président Diomaye Faye.
Parallèlement, la suppression du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) pourrait avoir des implications importantes. Ces organes jouent un rôle indéniable dans la consultation et la représentation des intérêts divers de la société civile et des collectivités locales. Leur élimination pourrait entraîner une centralisation excessive du pouvoir et une exclusion des voix marginalisées, ce qui risque de compromettre la légitimité et l’efficacité du processus décisionnel.
A côté de cela, la suppression du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) pourrait potentiellement permettre à l’État de réaliser des économies en termes de frais de fonctionnement et de dépenses administratives liées à ces organes. En effet, ces institutions nécessitent des ressources financières pour leur fonctionnement, y compris les salaires des membres, les frais de déplacement, les coûts de fonctionnement des bureaux, etc.
Cependant, il est important de noter que les économies potentielles découlant de la suppression de ces organes doivent être examinées dans un contexte plus large. Tout d’abord, il est essentiel de prendre en compte les services que ces institutions fournissent actuellement.
Le Conseil Économique Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales jouent des rôles importants dans la consultation de la société civile et des collectivités territoriales, ainsi que dans la formulation de politiques publiques. Leur suppression pourrait entraîner une perte de ces fonctions et avoir des implications sur la qualité de la gouvernance et la représentativité des décisions prises par l’État.
Sur le plan économique, ces changements pourraient influencer la perception des investisseurs et la stabilité économique du pays. Une augmentation des pouvoirs du Premier ministre pourrait être perçue positivement si elle est associée à des réformes favorables notables, dont l’obligation des entreprises françaises de payer leurs impôts et, à une gouvernance plus transparente. Cependant, l’instabilité politique résultant de ces réformes potentielles pourrait dissuader des investisseurs et compromettre la croissance économique à long terme.
Voilà un reflet des implications politiques et économiques que peuvent avoir les propositions législatives en cours au Sénégal. Tout cela ne pourra être efficace qu’en tenant compte des intérêts et des perspectives diversifiés de la population sénégalaise.
Germain Séhoué
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