Les récents propos de Faustin Kouamé, ancien ministre de la Justice sous le président Henri Konan Bédié, sur les BRICS, soulèvent une question centrale : quelle est la véritable indépendance pour l’Afrique ?
« A propos des BRICS, les Africains feraient mieux de se remettre en cause et ne pas servir de courroie aux puissances étrangères,pour accumuler des richesses au détriment de leur peuples.
Rien de négatif ne peut arriver à un pays sans la complicité de nationaux. Qu’on laisse en paix les puissances étrangères et qu’on neutralise les pilleurs et voleurs nationaux et chaque pays s’en sortira. L’indépendance n’est pas changer de Tutelle au profit de régimes totalitaires ,me semble t’il », a soutenu Faustin Kouamé.
Alors que le groupe BRICS, composé de grandes puissances économiques, attire plusieurs pays africains, dans ce message qu’il nous a communiqué, Faustin Kouamé remet en cause l’idée de l’Afrique servant de « courroie de transmission » pour les intérêts étrangers. Pour lui, l’urgence est ailleurs : la vraie liberté réside dans la capacité des Africains à défendre leurs propres intérêts, sans devenir des instruments au service d’autres nations.
Le BRICS, qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, se présente souvent comme une alternative aux puissances occidentales traditionnelles. Toutefois, Kouamé souligne un paradoxe majeur : changer de partenaires économiques sans une transformation profonde des pratiques nationales pourrait mener à une nouvelle forme de dépendance. Ce serait, selon lui, une indépendance inachevée, où les peuples continueraient à subir les ambitions étrangères par le biais de leurs propres élites.
La complicité des acteurs nationaux est au cœur du problème. Pour Kouamé, « rien de négatif ne peut arriver à un pays sans la complicité de nationaux ». Ainsi, l’accent devrait être mis sur la neutralisation des « pilleurs et voleurs » locaux, ceux qui participent au pillage des ressources au profit personnel. C’est un appel clair à une introspection collective : au lieu d’accuser les puissances étrangères, chaque pays devrait s’atteler à réformer ses propres institutions et à garantir que ses richesses servent d’abord son peuple.
En somme, l’indépendance, pour Faustin Kouamé, ne se limite pas à choisir des alliances ou à remplacer une tutelle par une autre. Elle exige une véritable souveraineté économique et politique, où les dirigeants nationaux œuvrent pour le bien de leurs concitoyens. Pour lui, la voie de l’Afrique passe par une prise de conscience collective et une lutte implacable contre la corruption et le clientélisme interne. Ce n’est qu’en renforçant ses bases internes que l’Afrique pourra véritablement se tenir sur la scène internationale sans crainte de l’ingérence.
Germain Séhoué