Par Ferro Bally
UNE GALAXIE EN LAMBEAUX. Alassane Ouattara avait bien déclaré qu’il viderait le FPI, l’ex-parti au pouvoir, de sa substance. Tous ceux qui avaient moqué cette promesse doivent bien être gros-Jean comme devant.
En effet, les actions de déstabilisation des forces exogènes et les féroces rivalités entre les forces endogènes ont fait voler en éclats la galaxie Gbagbo, et donc le FPI qui est aujourd’hui en lambeaux.
Le retour définitif au pays, le 17 juin 2021, de l’ancien président de la République a accéléré le mouvement d’émiettement du parti.
En conflit politique ouvert avec Pascal Affi N’Guessan, son ex-Premier ministre et président statutaire du FPI sous sa gouvernance à la tête de l’État, Gbagbo n’a pas fait dans la dentelle.
Il a laissé à Affi, a-t-il dit, l’enveloppe de ce parti qu’il a créé, en 1988, pour porter sur les fonts baptismaux, en octobre 2021, une nouvelle formation, le PPA-CI.
Au même moment, il a ouvert un autre front qui deviendra très rapidement politique: la demande de divorce qu’il a introduite, cinq jours après son arrivée, pour rompre avec Simone Ehivet-Gbagbo.
Cette action, survenue après le traitement réservé à son épouse à sa descente d’avion, a mis le feu aux poudres et pourri les relations politiques entre ce couple que le syndicalisme et la politique ont uni, il y a environ quarante ans.
Drainant fidèles, féministes et déçus, l’ex-Première dame a donc fait bande à part, pour conduire le Mouvement générations capables (MGC).
Et cette crise politico-civile entre les Gbagbo continue de faire des vagues. Car Charles Blé Goudé, l’ancien leader de la Galaxie patriotique et co-détenu de Laurent Gbagbo à La Haye, a choisi de se démarquer. Leader du parti Cojep, il s’est, lui aussi, désolidarisé de son ancien mentor pour voler de ses propres ailes.
Et la belle image des larges sourires de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé (photo), pour saluer la victoire judiciaire, le 31 mars 2021, devant la CPI, a fait place à des grincements de dents, au désamour et à l’adversité.
Alors La majorité présidentielle (LMP), qui était hier rassemblée derrière le chef de l’État Gbagbo, se dispute désormais, après la perte du pouvoir d’État en avril 2011, entre quatre têtes: Gbagbo, Affi, Ehivet-Gbagbo et Blé Goudé qui vont, tous, pêcher dans le même marigot politique.
La lutte s’annonce fratricide, à la grande satisfaction de Ouattara qui doit bien se frotter les mains: ses prévisions se réalisent, sous ses yeux.
F. M. Bally