Par Germain Séhoué
Le 14 juillet 2022. Date accrocheuse. Les poids lourds de la politique ivoirienne, le président Alassane Ouattara, chef de l’Etat et les anciens chefs d’Etat Henry Konan Bédié, président du PDCI et Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, se rencontrent.
Nous sommes dans une configuration de rencontre de revendications. Henry Konan Bédié et Laurent Gbagbo, alliés, face à Alassane Ouattara, qui détient, lui, le pouvoir d’Etat et la puissance de la République.
Il s’agit de « donne-nous un peu ». Un peu de quoi ? Un peu d’instruments démocratiques. Ceux que le dialogue politique a identifiés. Entre autres, la Commission électorale indépendante. Le redécoupage électoral.
Ouattara connaît l’environnement politique et social ivoirien. Il est aussi conscient de ses soutiens : l’argent du pouvoir, la justice de 20 ans, l’armée, les milices, la CEI même, avant qu’il ne soit minuit, le conseil constitutionnel et la France.
Il a les manettes en main. Au point où il a déjà laminé le PDCI de Henry Konan Bédié, avec plusieurs cadres dans son sac. De même en grand diviseur, il a atomisé l’oeuvre de Laurent Gbagbo, le FPI, éparpillé en plusieurs parties et dénominations.
Ouattara est conscient de la torpeur qu’il a créée dans la conscience de l’ivoirien. Un ivoirien qui ne peut même pas se mouvoir face à la cherté de la vie.
Ouattara a promis à Laurent Gbagbo que l’Etat paierait ses droits d’ancien chef d’Etat et autres quand il rencontrerait au pays. Mais lorsqu’il a découvert après son retour, un Laurent Gbagbo inoffensif, il s’est gardé jusqu’à ce jour, de lui verser le minimum.
C’est devenu une dette. Comme ces employés qui courent après des droits ou des arriérés de salaires. Où irait se plaindre Laurent Gbagbo ! Où ! Il a pu obtenir son passeport et retrouver la Côte d’ivoire où son retour n’était plus garanti, cela ne lui suffit pas ? Qu’il se renseigne auprès de Charles Blé Goudé, encore bloqué là-bas, en périphérie de la CPI.
Il va faire quoi avec son argent ! Il n’a pas demandé aux gens comme les Lida Kouassi et autres, dont les comptes bancaires ont été vidés, sans que la République sous Ouattara leur donne une explication ? Qui lui a dit même que l’opposant ivoirien a le droit de disposer de beaucoup d’argent, même si c’est sa propriété ! Les gens doivent donner des conseils à leur Gbagbo, apparemment.
C’est à ce Ouattara, qui croit en son étoile d’indéboulonnable… ce Ouattara qui ne craint pas de mettre à la disposition de Blaise Compaoré, pour ses promenades nostalgiques, l’avion de la République de Côte d’ivoire, alors que Charles Blé Goudé n’a pas de « transport » pour rentrer au pays, c’est à ce Ouattara que Bédié et Gbagbo coalisés, vont tenter de demander de s’affaiblir, en mettant l’équilibre démocratique partout dans le pays. Humm !
Mais sur quoi comptent-ils pour ressortir de cet entretien avec un sourire sincère et bénéfique aux ivoiriens ?
En 2020, on a vu Henry Konan Bédié entrer au Golf hôtel à la rencontre de Ouattara, en ressortir et ranger sa rhétorique contre le 3e mandat. Et « y a rien ! »
On ne dit jamais, jamais. Espérons que le miracle se produira. Et que l’après cette rencontre donnera à la Côte d’ivoire un coup d’accélérateur démocratique.
Germain Séhoué