Comment la manipulation de la liste électorale peut mettre à mal l’alternative démocratique et la cohésion sociale dans un pays qui sort d’une crise majeure comme celle connue en Côte d’Ivoire en 2010-2011.
La transparence électorale est cruciale dans un pays qui cherche la stabilité après une crise majeure, comme celle que la Côte d’Ivoire a traversée en 2010-2011. Pourtant, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) dénoncent d’importantes irrégularités dans la liste électorale. Ces partis estiment que cette situation, avec plus de deux millions d’anomalies selon le PPA-CI et un million neuf cent mille selon le PDCI-RDA, menace le processus électoral et la cohésion nationale.
Les données évoquées comprennent environ 4000 centenaires, ce qui pose des questions sur la validité de certains électeurs inscrits. Ces incohérences soulignent le risque d’une manipulation électorale susceptible de fausser la volonté populaire, un scénario qui pourrait replonger le pays dans des tensions sociales et politiques.
On pourrait dire, par boutade, que les Ivoiriens jouissent des meilleures conditions de vie au monde, falsifiant joyeusement le fameux IDH pour notre plaisir. Mais de là à laisser figurer 4 000 grabataires et centenaires sur notre liste électorale, cela relève de l’aberration !
Certes, les partis politiques, tout comme vous et moi, pouvons repérer des anomalies sur cette liste, mais la seule entité compétente pour y apporter des corrections reste la CEI. Personne d’autre ne peut, depuis chez lui, ajouter, retirer ou modifier un nom sur la liste électorale ; sinon chacun y ferait à sa guise, y inscrivant par exemple les noms de ses ancêtres, et bonjour les dégâts !
Mais que pouvons-nous faire si cet exercice, qui est pourtant un devoir, semble ennuyeux pour le président de la CEI et ses collaborateurs ? Rien, si ce n’est continuer à les interpeller et à dénoncer cette situation jusqu’à ce qu’il soit MINUIT.
C’est pourquoi, à l’approche des élections de 2025, plusieurs partis et organisations civiles unissent leurs voix pour demander un examen objectif de cette liste, insistant sur des garanties de transparence.
Ce Groupement de partis Politiques signataires de la Déclaration de Bonoua du 21 septembre 2024 estime que, et je cite : « la Constitution de 2016 modifiée par la loi constitutionnelle n°2020-348 du 19 mars 2020, n’offre guère tous les gages pour une vie démocratique optimale et un environnement électoral efficace. », fin de citation.
C’est pourquoi, il réclame des réformes électorales sur huit (8) thématiques dont la Révision du Code électoral, la Réforme de la CEI, la Révision et la refonte de la liste électorale et la Révision du Découpage électoral.
Mais avant cette déclaration, il y a eu, le 14 juillet 2024, l’appel de Bonoua visant le même objectif de rassemblement pour obtenir les meilleures conditions pour les élections de 2025. Comme on le constate, tous se dressent contre « la manipulation du système électoral ».
La manipulation d’une liste électorale, ou même de l’ensemble du système électoral, n’affecte pas seulement les résultats, mais aussi la confiance citoyenne dans le système. En Côte d’Ivoire, où la démocratie reste fragile, les répercussions d’une élection contestée seraient graves, menaçant de freiner les progrès sociaux obtenus après des années de division. Les plaintes répétées des partis de l’opposition créent un climat de suspicion que je dirais légitime au regard de la frilosité en face, un climat qui, sans réponse claire et corrective des autorités, notamment du Gouvernement et de la CEI, pourrait raviver les rivalités politiques et ethniques.
Pour garantir un scrutin légitime, une action décisive de la Commission électorale indépendante (CEI) est essentielle. Une refonte approfondie et des mesures de transparence renforcées rassureraient les électeurs et consolideraient les bases d’une transition politique sereine. En effet, la transparence électorale est le socle de toute alternative démocratique viable, surtout dans un pays encore marqué par des crises. Des gens auraient peur du changement ? De grâce, ce pays doit avancer.