LE LIVRE DE LA SEMAINE DE PAWA (semaine 6, troisième édition)
Marie-Louise Sibazuri, une dramaturge burundaise, a un feuilleton radiophonique populaire : NOS VOISINS SONT NOTRE FAMILLE qui passe trois fois par semaine au Burundi.
Le programme, qui est une fiction factuelle, est diffusé en kurundi, la langue maternelle du Burundi, et subventionné en partie par les contribuables américains.
L’émission est si populaire que l’armée burundaise a une fois demandé des émissions en soirée pour que les soldats en service puissent se connecter.
Les épisodes sont crus. L’un d’eux représentait un prêtre qui aurait engendré un enfant, puis soudoyé la mère pour qu’elle se taise à ce sujet.
Un autre, inspiré par le sort d’un agriculteur emprisonné à tort pour meurtre de masse, a révélé les bévues de la police et a fait libérer l’homme. Un médecin emprisonné pour avoir pratiqué un avortement a également été libéré après que son cas ait été dramatisé.
Tel est le pouvoir de la plume de Mme Sibazuri. Dans un pays déchiré par la violence où les gens ordinaires, par crainte de représailles, ne peuvent pas porter plainte efficacement, elle promeut avec force l’équité et la réparation des erreurs.
Un thème majeur de son drame vécu dans l’ancienne colonie belge est de montrer qu’il est possible de surmonter la méfiance qui règne entre les groupes minoritaires tutsi et majoritaires hutu.
Au Rwanda, voisin du Burundi, des Hutus ont massacré près d’un million de Tutsis à l’été 1994, utilisant des émissions de radio pour attiser la haine et même pour diriger le massacre. Au Burundi, la violence entre les deux groupes remonte aux années 1960 mais n’a pas été aussi féroce.
NOS VOISINS SONT NOTRE FAMILLE a confirmé que la radio, qui avait autrefois fomenté des troubles, pouvait aussi rassembler les gens.