Partir, n’est pas rester. Mais rester aussi, a ses implications.
La CEDEAO ne veut plus partir en guerre contre le Niger. Réalisme oblige. Le Nigéria, qui détient le plus gros lot de la troupe de l’institution sous-régionale, ne veut pas tenter l’aventure. Son président Tinubu Bola s’était précipité à annoncer une intervention militaire contre le Niger, sans avoir l’approbation préalable des deux chambres de l’Assemblée nationale de son pays. Maintenant, au moment de partir, son pays dit NON. NOUS PAS BOUGER !
Comment partir, quand le manque de préparation et de capacité de l’armée nigériane à s’engager dans une autre intervention étrangère crève les yeux ?
Les défis sécuritaires internes au pays, à savoir l’intraitable Boko Haram, le banditisme hideux et les mouvements sécessionnistes ont-ils trouvé solution pour en rajouter ? NON !
Non ! Alors, il faut rester !
Comment partir, quand les risques et les coûts potentiels d’une action militaire au Niger ne sont plus de l’ordre de la probabilité, mais imminents ?
Imaginez les pertes en vies humaines, les contrecoups, l’escalade et les représailles des putschistes et de leurs alliés…
Les alliés-mêmes, parlons-en ! En tête de peloton, il y a le Mali qui n’est pas dans les discours, mais dans l’action. Le Mali dont on apprend qu’il déploie déjà ses troupes et des avions de guerre terrifiants vers le Niger.
Et qui parle du Mali, parle de la Russie avec son Vladimir Poutine qui n’est pas dans l’émotion. Qui dit Mali, dit donc Wagner ! Sans parler du Burkina Faso et de la Guinée dont on a aucune idée de l’expression de la nervosité. Alors, tout cela fait réfléchir par deux fois et écarte tout orgueil.
Comment partir, alors que la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Niger et de tout membre de la CEDEAO, habite la conscience de chacune de nos Nations ?
Comment partir en guerre contre le Niger, quand l’option d’une solution diplomatique et pacifique à la crise de ce pays, partenaire stratégique et allié du Nigeria dans la région, relève d’une intelligence étoilée ?
Partir en guerre, c’est également mettre en danger la vie du Président Mohamed Bazoum et des membres de sa famille encore entre les mains des militaires.
Il y a donc mille et une raisons de ne pas partir en guerre contre le Niger.
Mais rester aussi, a ses implications. Et non des moindres.
Rester, c’est jouer avec les nerfs de Paris. Parce que la France qui pousse le CEDEAO dans le dos, sera malheureuse. Comment va-t-elle procéder maintenant pour s’enraciner au Niger, où elle a tant d’intérêts ? Comment ?
Elle est, à présent, à découvert ! Or, la CEDEAO qui allait mener sa guerre par procuration, a ses propres défis insurmontables. La France peut être inconsolable à cause de son URANIUM qui se vaporise, URANIUM qu’on ne trouve pas partout. Pas en Côte d’Ivoire, pas au Bénin, pas au Sénégal, mais au Niger !
Rester, ne pas partir en guerre contre le Niger des militaires, c’est aussi autre chose… C’est se boucher les oreilles face aux cris de détresse d’un ami naufragé, le bien-aimé Mohamed Bazoum qui ne cesse de rappeler qu’il est pris en otage et qu’il faut le secourir.
C’est vrai, ce qui arrive au frère Bazoum, c’est de la pure injustice. Mais le Président Félix Houphouët-Boigny ne nous a-t-il pas enseigné que, entre l’injustice et le désordre, il convient de choisir l’injustice, en ce sens que, l’injustice elle, peut se réparer, alors que le désordre, c’est plus compliqué ? Comment ramener à la vie, les victimes d’une aventure humaine ? Impossible !
Réalisme oblige donc, la CEDEAO a mis en balance les risques qu’elle court, qu’elle attire à sa population innocente, en se lançant par émotion dans une guerre contre le Niger et le sort d’un membre du Syndicat qui, de toutes les façons, n’est pas à la fin de sa vie. Une balance déficitaire !
Or, qui a la vie, peut toujours rebondir. Et le valeureux Bazoum a la chance de ne pas être un grabataire, donc un homme encore agile pour rebondir un jour, qui sait !
Partir, n’est pas rester !
Mais rester aussi, a ses réalités.
Germain Séhoué