Le dictionnaire Larousse définit le Développement comme le fait de grandir, de croitre, de se développer. Ce mot a pour synonyme : Enrichissement, épanouissement, évolution, progrès. Il a un sens univoque quand il est utilisé par les Géographes, les Psychologues, les Mathématiciens et les Biologistes dans leurs professions respectives. Le Larousse souligne clairement que le sous-Développement représente un «état» alors que le Développement est perçu comme étant un processus sur le long terme. On peut donc dire le Développement correspond à une amélioration qualitative durable des conditions sociales, d’une économie et de son fonctionnement. Les Pays en Développement (PED) ou les Pays en Voie de Développés (PVD) sont ceux qui, partant d’un état de sous-Développement économique et social, ont entamé un processus de Développement.
Le Dictionnaire Universel de Hachette, note que le Développement est décrit comme une succession de cinq étapes qui diffèrent à des degrés divers par la forme d’organisation de la production et des échanges[1]. Ce Dictionnaire précise que les Pays en Développement ont adopté une vision microéconomique et globale qui inclut la dimension humaine et intègre l’économie et l’écologie, le naturel et le culturel. Le Nouveau Robert parle de : « pays, région en voie de Développement, dont l’économie n’a pas encore atteint le niveau de l’Amérique du Nord et de l’Europe occidentale ». Il faut signaler qu’il existe une grande variété de définitions du mot Développement.
Celle proposée par François Perroux[2], et reprise par plusieurs dictionnaires et encyclopédies, est de très loin la plus pertinente. Il conceptualise le Développement comme étant « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global ».
Dans la littérature spécialisée, toutes les définitions qui suivent celle de François Perroux, quelque soit leur courant, intègrent des variantes normatives à caractère socioculturel qu’il a préfigurées dans sa conceptualisation du développement.
Par exemple pour Edgar Montiel[3] : « Le développement, n’est plus conçu comme devant être une simple course de rattrapage, sur le plan économique, des nations plus favorisées, conception qui a prévalu jusqu’à un passé récent, mais bien comme une mise en œuvre des potentialités propres des sociétés en développement en plus d’une exigence de répartition plus juste des richesses au niveau national et international ».
C’est un processus qui libère les populations de la peur du besoin et de l’exploitation et qui fait reculer l’oppression politique, économique et sociale, c’est par le développement que l’indépendance politique acquiert son sens véritable[4]. Le développement se présente donc comme un processus de croissance, un mouvement dont la première source se trouve dans la société qui, est elle-même, en train de progresser ou d’évoluer vers des conditions meilleures. Le Développement d’une région ou d’une nation, doit se fonder sur ses ressources propres, aussi bien humaines que matérielles, exploitées pleinement pour la satisfaction de ses propres besoins comme le préconise Edgar Montiel.
D’ailleurs, le Rapport mondial sur le développement, du PNUD[5] affirme que le principal objectif du Développement humain est d’élargir la gamme de choix offerts à la population, choix qui permettent de le rendre plus démocratique et plus participatif. Dans ce sens, l’être humain qui est au centre du Développement, doit également avoir la possibilité de participer pleinement aux prises de décisions de la communauté et jouir des libertés humaines, économiques et politiques.
L’OCDE[6] soutient que le Développement est un processus intégré de stabilité politique et économique qui combine la bonne gestion des affaires publiques et la participation des populations, l’investissement dans les ressources humaines, la confiance dans le jeu des forces du marché, le souci de l’environnement et l’existence d’un secteur privé dynamique. Les définitions du Développement de la Banque Mondiale et du FMI, sont très proches de celle de l’OCDE. Les plus récentes définitions du mot Développement, sont données d’abord par François Partant qui affirme que le « Développement est un processus endogène et autocentré d’évolution globale spécifique à chaque société[7]». Quant à Serge Latouche, il note que « le Développement, c’est l’aspiration au modèle de consommation occidentale, à la puissance magique des Blancs, au salut lié à ce mode de vie[8] ». Enfin Gilbert Rist avance que le Développement est constitué d’un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence qui, pour assurer la reproduction sociale, obligent à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d’une production croissante de marchandises (biens et services) destinées, à travers l’échange, à la demande solvable[9].
Au vu de ces définitions du mot Développement, on peut retenir qu’il désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, territoriales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production d’une région ou d’un pays. On peut aussi retenir qu’il traduit l’aspect structurel et qualitatif de la croissance et peut être associé à l’idée de progrès économique et social.
Après avoir privilégié la seule croissance de la production de richesses par des indicateurs comme le PIB, le concept de Développement s’est élargi pour inclure différentes dimensions constitutives du bien-être social, voire du bonheur : L’état global de santé des populations, les niveaux d’instruction, les conditions de vie, la démocratie, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. La réflexion sur ces indicateurs nous conduise aux théories du Développement (à suivre).
Ben ZAHOUI-DÉGBOU
Géographe – Journaliste spécialiste de Géopolitique.
Docteur en Commerce International
(Investissements Directs Étrangers et Développement).
[1] Dans son ouvrage « Les étapes de la croissance économique », Walt Whitman Rostow (1916-2003) note 5 étapes pour qu’une société se développe : 1° étape : la société traditionnelle – 2° étape : la réunion des conditions préalables au développement – 3° étape : le décollage économique (Take off) – 4° étape : la marche vers la maturité – 5° étape : la société de consommation de masse.
[2] François Perroux est un économiste français (1903-1987. Nourri de la pensée des plus grands économistes étrangers, comme Von Mises, Marx, Schumpeter, Antonelli ou Keynes dont il a contribué à diffuser les pensées en France.
[3] Edgar Montiel, philosophe et économiste, est haut fonctionnaire de l’UNESCO spécialisé en Amérique latine. Il travaille sur les signes des changements historiques dans les Amériques.
[4] Jean Ronald Legouté, « Définir le Développement : Historique et dimensions d’un concept plurivoque ». Groupe de recherche sur l’intégration continentale. Université du Québec à Montréal Département de science politique C.P. 8888, succ. Centre-Ville, Montréal, H3C 3P8
[5] PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) : Rapport 1994 publié par Economica.
[6] OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques est une organisation internationale d’études économiques, dont les pays membres des pays développés pour la plupart ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché. Son siège est Paris.
[7]François Partant, « La fin du développement: naissance d’une alternative ». Paris, La Découverte 1983, p. 29
[8] Serge Latouche, « L’occidentalisation du monde ». Paris, La Découverte, 1989, p. 27.
[9] Gilbert Rist, « Le développement : Histoire d’une croyance occidentale ». Paris, Presse de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1996, p. 23.