Dans le contexte complexe de la politique ivoirienne, l’annonce du rejet de la candidature de Maurice Kakou Guikahué à la présidence du PDCI-Rda marque un tournant significatif. Cette décision, loin d’être anodine, s’inscrit dans une toile politique tissée d’ethno-tribalisme, de considérations financières et de dynamiques héritées de l’histoire politique du pays.
Contexte politique ivoirien:
La vie politique ivoirienne est souvent influencée par des facteurs non explicitement énoncés, mais profondément ancrés dans la conscience collective. L’ethno-tribalisme, en particulier, joue un rôle déterminant, comme illustré par le poids historique des Baoulés au sein du PDCI-Rda.
Ethno-tribalisme au sein du PDCI:
Guikahué, en tant que Bethé, se trouve confronté à des préjugés hérités d’une ethno-démocratie où les Baoulés ont longtemps dominé le paysage politique. Les liens tribaux avec Laurent Gbagbo, figure contestataire et opposant au fétiche Félix Houphouet-Bobigny, ajoutent une dimension conflictuelle à sa candidature.
Critères non-ecrits pour la Présidence du PDCI:
Le rejet de Guikahué ne se limite pas à des considérations tribales. Les critères financiers et d’influence occidentale s’immiscent dans la dynamique. Le PDCI préfère des dirigeants financièrement solides, capables de naviguer dans les cercles internationaux, perpétuant ainsi une tradition ancrée dans leur histoire politique.
Tidjane Thiam en contraste avec Guikahué:
À l’opposé de Guikahué, Tidjane Thiam incarne un profil répondant à ces critères. Héritier de Félix Houphouet-Bobigny, il réunit la légitimité tribale tout en jouissant d’une reconnaissance internationale en tant que banquier chevronné. Ses connexions à l’échelle mondiale ajoutent à son attrait.
La stratégie gagnante de Guikahué:
Paradoxalement, le rejet de la candidature de Guikahué peut être perçu comme une aubaine. En se positionnant en victime, il capitalise sur la sympathie de l’opinion publique. Ce rejet lui offre l’opportunité de critiquer l’injustice perçue, semant ainsi un doute sur l’équité du comité électoral et du collège des sages du PDCI-Rda.
En conclusion, l’analyse de ce rejet révèle les intrications subtiles de la politique ivoirienne. Entre ethno-tribalisme, considérations financières et jeux d’influence, la course à la présidence du PDCI-Rda apparaît comme un jeu complexe où la stratégie de victimisation peut se muer en un levier politique puissant. Mais la suspension et le report du 8ème congrès extraordinaire par une décision de justice ne vont-ils pas doucher la sympathie qui avait commencé à inonder Maurice Kakou Guikahué ? La Côte d’Ivoire, témoin de cette saga politique, observe attentivement les développements à venir.
Germain Séhoué