Il faut désormais dire « des personnes handicapées » plutôt que « des handicapés » , exemple : Une rencontre des personnes handicapées, et non une rencontre des handicapés. Car les animaux aussi comptent parmi eux des handicapés. « Une personne handicapée est une personne qui a un handicap qui dure dans le temps, qui est irréversible, exemple : un pied amputé ne peut plus repousser » et « une personne en situation d’handicap est une personne qui a un handicap passager, exemple : une femme, pendant sa période de grossesse, est une personne en situation d’handicap, mais dès qu’elle accouche, elle n’est plus en situation d’handicap. «
Tel est un des points de lumière sorti de l’atelier de renforcement des capacités des journalistes sur les droits des personnes handicapées, organisé conjointement par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) et la Coordination des associations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire (CAPH-CI), samedi 4 février 2023, à la Maison de la presse d’Abidjan Plateau. L’UNJCI y est représentée par Ben Diakité.
C’est quoi le handicap ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouve compromise « .
Cet atelier ayant réuni 20 journalistes, s’inscrit dans le cadre des activités du projet financé par Promoting human rights through the Universal Periodic Review (UPRinfo). C’est une campagne de sensibilisation dans les médias et les réseaux sociaux à travers le projet : « Promouvoir les droits humains à travers la mise en œuvre des recommandations de l’EPU ».
Pourquoi ? Il s’agit, selon la CAPH-CI, « d’améliorer la connaissance des droits des personnes handicapées par les personnes handicapées elles-mêmes, par leurs familles, par les populations et les décideurs publics ». Pourquoi ? Cela devrait amener la société à changer de regard relativement à ces personnes fragiles et à prendre en compte de façon efficiente leurs besoins.
Les journalistes sont donc formés, entre autres, sur le cadre juridique et réglementaire régissant les personnes handicapées en Côte d’Ivoire, sur les méthodes d’interviewer les personnes handicapées et sur le choix des angles de sujet pour la production de programmes et d’articles relatifs au handicap.
L’atelier a établi que la Côte d’Ivoire dispose de toute la nomenclature juridique et réglementaire sur les personnes handicapées. Seulement, le défi, c’est l’application effective de ces lois.
Les journalistes ont été entretenus par trois personnes ressources. La première, Dr Koné Adama (Expert en criminologie, santé mentale), ayant lui-même une expérience du handicap, a fait la lumière et organisé des échanges sur le handicap en Côte d’Ivoire.
Il a formé quatre groupes de cinq personnes : le premier, chargé de définir les différents types de handicap, le second de citer les obstacles et les solutions à l’insertion sociale des personnes handicapées,
le groupe 3, de donner les instruments juridiques nationaux de protection des personnes handicapées et le quatrième, de répertorier les instruments juridiques internationaux qui protègent les personnes handicapées.
Le second Expert, Gérard Guedegbe, journaliste consultant, qui a fait des reportages de guerre d’où l’on peut revenir mutilé, a outillé les journalistes sur les modules « Comment interviewer les personnes handicapées ? » et « Le choix des angles de sujet pour la production de programmes et d’articles sur le handicap ».
Là, les débats se sont animés et enrichis sur la préparation de l’interview qui sera fonction du type de handicap de la personne prospectée et la nature et l’habileté des questions.
Des questions qui devraient plutôt valoriser la personne, si le journaliste tient vraiment à voir son invité disposé à aller au terme de l’interview.
Le troisième Expert, Koné Yacouba, PCA de la CAPH-CI, avec lui aussi son expérience de personne handicapée, a apporté sur les différents tableaux présentés par les deux experts et aux préoccupations des participants, des contributions complémentaires et bien édifiantes.
Son plaidoyer est que dans la communication, l’on » ait à l’esprit que les personnes handicapées font partie de la diversité humaine ». Et que » les récits qui sont généralement utilisés pour les décrire sous l’angle de la pitié », soient construits « de sorte à réfléchir à la manière d’élaborer des récits qui garantissent l’inclusion à partir des droits des personnes handicapées ».
L’atelier a noté que les personnes handicapées souffrent de plusieurs stéréotypes : « Les personnes handicapées sont incapables »; « la vie des personnes handicapées a moins de valeur »; « les personnes handicapées sont dangereuses »; « exigeantes », « impatientes », « des personnes mendiantes », etc. Des types de regard qui ne sont pas de nature à aider les personnes handicapées à l’inclusion sociale.
Ainsi, selon Koné Yacouba, les personnes handicapées ont du mal à obtenir un emploi, quand bien même les postes sont disponibles. Il a néanmoins rendu un hommage vibrant à l’ancien ministre de la Fonction publique, le Pr Hubert Oulaye, qui, selon lui, en ce temps là, avait offert 300 postes de fonctionnaires aux personnes handicapées, là où celles-ci se battaient, et avaient même assiégé le Cabinet du ministre pour…100 places. « Jusqu’à à ce jour, c’est la seule occasion où nous avons pu obtenir jusqu’à 300 places à la Fonction publique « , se souvient le patron de la CAPH-CI.
De même, les participants apprendront que des trois modèles du handicap (modèle caritatif, modèle médical et modèle social), c’est à partir du modèle social que s’est formulé celui, fondé sur les droits de l’homme. C’est de là que « la Convention a marqué le début d’un « changement de paradigme ».
Cette session de formation a été forte enrichissante au point même où, par la voix de M. Koné Yacouba, PCA de la CAPH-CI, elle a annoncé un Prix pour récompenser les meilleurs écrits sur les personnes handicapées.
Germain Séhoué