C’est mon opinion. Les 49 militaires ivoiriens écroués à Bamako, sont en vérité pris entre deux feux. Deux puissances vraiment tenaces.
A la différence de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, où l’on voit des roquettes partir d’un côté comme de l’autre, entre la Côte d’Ivoire et le Mali, ce sont deux orgueils coriaces qui s’affrontent. Des forces qui ne peuvent être vues à l »oeil nu, mais autrement puissantes. Orgueil militaire contre orgueil civil.
Celui du colonel Assimi Goitta, président de la Transition malienne et celui du président Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire. Deux feux qui se croisent, et au milieu, nos pauvres 49 soldats et leurs familles ne sachant à quel saint se vouer.
Souvent les guerres qui fragilisent le monde, opposent des nations, divisent des couples ou des familles, ne tiennent qu’à un détail: l’inflation de l’orgueil.
Qui va mettre de l’eau dans son vin ! Tant pis si des gens en souffrent !
L’ORGUEIL D’ABIDJAN
Le colonel Assimi Goitta met aux arrêts 49 soldats des forces spéciales ivoiriennes et a le culot d’exiger aux autorités de Côte d’Ivoire des excuses publiques afin de les libérer. Mais pour qui se prend-il ?
Pense-t-il que, arriver au pouvoir par la force, faire un coup d’Etat pour diriger un pays est un mérite particulier que le Docteur Alassane Ouattara n’aurait pas ? Qu’il se renseigne ! Celui qui a fait le plus long coup d’Etat au monde, c’est lui, Ouattara.
Commencé avec sa rébellion armée conduite par son bras droit Guillaume Soro, le 19 septembre 2002, il parviendra, sous les bombes franco-onusiennes, au pouvoir à Abidjan le 11 avril 2011, sans être exténué.
Que le jeune Assimi Goitta se renseigne. C’est lui Ouattara, qui a promis de rendre la Côte d’ivoire « ingouvernable », de mélanger ce pays et qui a tenu sa promesse.
Il a obligé le président Laurent Gbagbo à sortir du programme pour lequel il été élu et lui a imposé une feuille de route ; aller de capitale en capitale à la recherche de paix pour son pays.
Du 19 septembre 2002 au 11 avril 2011, il a rendu effectivement le pays ingouvernable, alors que son parti, le RDR, et ses hommes étaient dans le gouvernement de Laurent Gbagbo ! Assimi Goitta peut-il faire cela ? Aurait-il lui, cette expérience ? Pour qui se prend il ?
C’est lui, Ouattara, qui a envoyé Laurent Gbagbo à la CPI, en prison. Et cela, à cause de cette guerre meurtrière, qui a fait des milliers de morts. On parle au bas mot, de 3000 morts.
Au bout de 10 ans après sa chute du pouvoir, Laurent Gbagbo est acquitté, blanchi des crimes contre l’humanité et autres chefs d’accusation.
Conséquence : Gbagbo étant acquitté dans cette crise où il y a eu de milliers morts, la CPI devrait maintenant se tourner du côté du camp Alassane Ouattara pour savoir les responsables des tueries. Eh bien, rien !
La CPI ne fait rien. Elle laisse le camp Ouattara tranquille. Qui a tué « les morts » ? Cela n’aurait plus d’importance. Ils sont morts cadeau. Gbagbo a fait 10 ans de prison cadeau. La CPI voit bien l’injustice, mais elle s’en fout. Le camp Ouattara ne doit pas être inquiété.
Alors, parce qu’il a réussi un petit coup d’Etat au Mali, il se croit l’adjoint de Dieu ! Le colonel Assimi Goitta peut-il réaliser une telle prouesse ? Parvenir à rendre la justice internationale injuste, à cause de lui ? Le peut-il ?
Cela fait partie du palmarès du docteur Alassane Ouattara. Mais il a fait mieux ! En plus du plus long coup d’Etat terminé par des tombes sur Abidjan le 11 avril 2011, il a réussi le coup d’Etat constitutionnel de 2020 en s’offrant un troisième mandat. Donc deux coups d’Etat réussis en Côte d’Ivoire contre un maigre putsch au Mali !
On voit que l’orgueil d’Alassane Ouattara, est documenté. Le président ivoirien est vraiment fondé à être orgueilleux de sa puissance. Il a réussi à émietter tous les partis politiques et les organisations syndicales du pays.
Il sait bien que Laurent Gbagbo a utilisé l’argent viré de la BCEAO en 2011 pour payer les fonctionnaires. Mais il le fait condamner quand même, pour braquage de la banque centrale. Or, les fonctionnaires ne lui réclament pas, lui chef de l’Etat actuel, des arriérés de salaires pour la même période. Et il est serein.
Assimi Goitta peut-il avoir une telle puissance ? C’est lui, Alassane Ouattara, l’ami de la France et de la communauté internationale.
L’ORGUEIL DE BAMAKO
A Bamako, le colonel Assimi Goitta ne rit pas sur cette affaire des 49 « mercenaires » ivoiriens. Il tient aussi à ce que les autorités de Côte d’ivoire présentent vraiment des excuses publiques au Mali afin d’obtenir la libération de leurs soldats. Mais il ne comprend pas le Côrô Alassane Ouattara qui n’entend pas les choses de cette oreille.
Pense-t-il que lui, Assimi Goitta, va se laisser intimider ? Qu’il aurait peur des aînés ou des « Grands » ? Que le Côrô ivoirien ouvre bien les yeux et les oreilles.
Le coup d’Etat qui a fait partir IBK du pouvoir n’est pas son plus grand palmarès. C’est lui Assimi Goitta qui a chassé de Bamako l’ambassadeur de France, RFI, FRANCE 24, l’armée française Barkane. C’est lui qui a brisé le mythe français face aux anciennes colonies.
Quel pays africain, quel régime africain a déjà essayé cela avant lui ? Qui ! C’est lui Assimi Goitta qui n’a pas craint de dénoncer la France devant l’ONU et de porter plainte contre le pays d’Emmanuel Macron auprès du Conseil de sécurité des nations unies pour sa complicité avec les terroristes sur le sol malien.
Le Côrô Ouattara peut-il faire cela en Côte d’ivoire contre la France ? Le peut-il ? Apparemment, non.
Assimi Goitta se trouve dans une telle lancée aujourd’hui qu’il serait prêt à « blesser » quiconque tenterait de se mettre en travers de son chemin, de vouloir le détourner de son objectif : la libération du Mali.
En termes de quanlité, c’est vrai, son orgueil ne revendiquerait pas grand chose. Mais le peu qu’il a réalisé, en embarrassant la grande France, jusqu’à l’ONU, n’est pas courant, et peut raidir davantage un militaire, déjà raide par sa formation. Orgueil !
Or, qui peut le plus, peut le moins. La Côte d’Ivoire compte sur la France pour faire ses sauts. Voilà cette France embarrassée par le Mali. D’où l’orgueil de Bamako qui, n’ayant pas obtenu les excuses publiques d’Abidjan, a inculpé les 49 militaires ivoiriens, placés désormais sous mandat de dépôt.
Nos 49 soldats sont donc otages des deux orgueils coriaces, qui, apparemment, n’entendent pas céder un espace à l’autre.
C’est mon opinion. Cela peut être loin de la vérité. Mais l’orgueil tient souvent une place de choix dans nos raideurs et la complication des problèmes pourtant simples.
Dieu visite Bamako et Abidjan pour que nos 49 garçons rentrent à la maison !
Germain Séhoué
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