A l’occasion de la troisième édition de la Tribune du PPA-CI, le porte-parole Koné Katinan a invité le gouvernement ivoirien à déplacer le poste de péage de Grand-Bassam qui fait tant de grincements de dents, au carrefour Samo, de sorte que les riches visiteurs d’Assinie se délestent d’un peu du surpoids de leur fortune pour soutenir le péage.
𝗟𝗔 𝗧𝗥𝗜𝗕𝗨𝗡𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜 – 𝗡𝗨𝗠𝗘𝗥𝗢 𝟬𝟯
𝑷𝒓𝒐𝒑𝒐𝒔 𝒍𝒊𝒎𝒊𝒏𝒂𝒊𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒖 𝑴𝒊𝒏𝒊𝒔𝒕𝒓𝒆 𝑱𝒖𝒔𝒕𝒊𝒏 𝑲𝒂𝒕𝒊𝒏𝒂𝒏 𝑲𝒐𝒏𝒆, 𝑷𝒐𝒓𝒕𝒆-𝒑𝒂𝒓𝒐𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝑷𝑷𝑨-𝑪𝑰
Messieurs les membres de la Direction du Parti,
Mesdames et messieurs les journalistes,
Je voudrais, une fois encore, vous remercier pour votre présence à ce troisième numéro de la Tribune du PPA-CI. Les deux premiers numéros ont connu un grand succès grâce à ’intérêt que vos différentes rédactions leur ont accordé. Vous participez ainsi à l’ancrage de la démocratie au nom de laquelle, le Président de notre Parti, son Excellence le Président Laurent GBAGBO, a donné tant de sacrifices.
Les attentes de plus en plus fortes, pour une véritable démocratie, qu’expriment nos compatriotes exigent une synergie d’actions de tous pour la promotion de cette démocratie.
Le PPA-CI, se fondant sur la philosophie de son Président, entend assumer la plénitude de son devoir en matière de lutte pour la démocratie et la promotion de celle-ci dans notre pays.
La démocratie se nourrit de contradictions d’idées qui sont autant de manifestations d’intelligences diverses, toutes au service de notre nation.
C’est pourquoi, nous apprécions tous les débats que suscitent nos tribunes sur les différentes plateformes ou dans vos différentes rédactions. Ce sont autant de signes de l’intérêt que portent nos compatriotes sur cet espace d’échanges initié par notre parti.
Ce sont, symétriquement, autant de responsabilités que notre parti doit assumer pour maintenir ardemment allumée la flamme du débat politique dans le respect des opinions contraires, mêmes lorsque celles-ci sont exprimées inélégamment.
Opiner sur la vie de la nation ne peut être un privilège ou un devoir exclusivement réservé aux politiques. Dans une république, l’opinion est librement exercée par chaque citoyen sur la conduite de la république.
𝗖’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶, 𝗹𝗲 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜 𝘀𝗮𝗹𝘂𝗲 𝗳𝗼𝗿𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗮 𝗽𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗼𝘀𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗲 𝗲𝘁 𝗰𝗼𝘂𝗿𝗮𝗴𝗲𝘂𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝗿𝘁𝗶𝘀𝘁𝗲 𝗕𝗲𝗯𝗶 𝗣𝗵𝗶𝗹𝗶𝗽𝗽𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝘂𝗶 𝗮𝗽𝗽𝗼𝗿𝘁𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝘀𝗼𝗻 𝘀𝗼𝘂𝘁𝗶𝗲𝗻. 𝗜𝗹 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗲𝗰𝗵𝗼 𝗱𝗲 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗹’𝗲𝗻𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗻𝗼𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝘁𝗿𝗶𝗼𝘁𝗲𝘀, 𝘀𝗮𝗻𝘀 𝗱𝗶𝘀𝘁𝗶𝗻𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗹𝗼𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗽𝗼𝗹𝗶𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲𝗻𝗼𝗻𝗰𝗲.
Vous avez dû noter qu’à la suite du PPA-CI qui continue de dénoncer la cherté, sur l’initiative des députés de l’opposition, le Ministre du commerce a été reçu au parlement à l’occasion d’une question orale introduite par le Député Dia Houphouët du PDCI-RDA.
Le Ministre a énuméré les mesures prises par le Gouvernement pour selon lui lutter contre la cherté de la vie. Apparemment, ces mesures sont inopérantes pour contenir l’inflation. Manifestement, le Gouvernement est au bout de ses moyens.
Chers amis journalistes, par la diffusion de nos idées, nous faisons de la Tribune un vecteur d’implantation de notre Parti qui se poursuit par ailleurs sur le terrain avec enthousiasme. Les structures de base se mettent progressivement en place suivant le calendrier et les orientations données par le Secrétariat général du Parti.
Rentré au pays après, le Président du Parti a donné des instructions claires afin que le travail remarquable d’implantation se renforce davantage. Notre parti, qui vient de recevoir son récépissé de déclaration de Parti, est donc dans la dynamique de la reconquête du pouvoir suivant les modalités que son leader n’a de cesse de promouvoir : l’alternance démocratique pacifique.
Dans cette dynamique de la conquête du pouvoir, le PPA-CI ne peut rester insensible aux souffrances des Ivoiriens et, conformément à son engament panafricaniste, à celles des Africains. C’est pourquoi, la présente tribune traitera essentiellement de 3 questions :
𝟭- Il s’agit du droit de passage imposés à nos compatriotes sur les différentes routes, notamment à l’intérieur d’Abidjan et de sa ceinture immédiate, illustré par le péage sur la route de Grand-Bassam.
𝟮- Il s’agit également de la question de l’émigration de la jeunesse africaine assorties de toutes les formes d’humiliations auxquelles cette jeunesse est assujettie sur le chemin de l’émigration. Les derniers évènements qui ont eu pour théâtre les enclaves espagnoles du Maroc méritent que l’on leur accorde une attention particulière.
𝟯- Il s’agit, enfin, de la levée des sanctions injustes et iniques imposées au peuple malien.
𝗜- 𝗟𝗘 𝗗𝗥𝗔𝗠𝗘 𝗗𝗘 𝗠𝗘𝗟𝗜𝗟𝗟𝗔
Le vendredi 24 juin 2022, près de 2000 personnes venues d’Afrique subsaharienne, rassemblées en un impressionnant cortège, ont tenté de passer en Europe en escaladant et cisaillant la haute clôture grillagée de Melilla, la ligne fortifiée qui sépare l’Espagne du Maroc.
Les migrants sont arrivés tôt le vendredi matin dans la zone de la clôture en passant par la ville marocaine de Nador, à quelques kilomètres de Melilla. Parmi eux, 500 ont réussi à s’approcher de la clôture pour tenter d’entrer. C’est là, coincés dans l’un des couloirs du poste frontière, que s’est produite l’avalanche fatale.
Au bilan, de nombreuses victimes sont tombées du haut de la clôture et d’autres ont été écrasées dans une bousculade, faisant au total 23 morts, selon les autorités marocaines. Mais des témoins oculaires et des images diffusées par des survivants affirment que des officiers marocains ont agressé les migrants et ont tenté de les arrêter à l’aide de matraques, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Les tentatives d’atteindre le territoire européen par Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles sur la côte nord-africaines, ne sont pas rares.
Mais cette dernière a été la plus meurtrière à ce jour, et les images publiées montrant des migrants entassés, certains en sang et gisant immobiles sur le sol, ont suscité l’indignation.
𝗟𝗲 𝗣𝗮𝗿𝘁𝗶 𝗱𝗲𝘀 𝗣𝗲𝘂𝗽𝗹𝗲𝘀 𝗔𝗳𝗿𝗶𝗰𝗮𝗶𝗻𝘀 – 𝗖𝗼𝘁𝗲 𝗱’𝗜𝘃𝗼𝗶𝗿𝗲 (𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜) 𝗲𝘁 𝘀𝗼𝗻 𝗣𝗿𝗲𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝘀𝗮𝗹𝘂𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗮 𝗺𝗲𝗺𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘀 𝗰𝗲𝘀 𝗺𝗼𝗿𝘁𝘀 𝗲𝘁 𝗲𝘅𝗽𝗿𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁 𝘀𝗮 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗮𝘂𝘅 𝗳𝗮𝗺𝗶𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗰𝘁𝗶𝗺𝗲𝘀.
Cette tragédie se situe dans une problématique plus large de l’émigration de la jeunesse africaine. Les causes sont multiples et multiformes. Cependant, les causes profondes se rapportent aux conditions sociales et politiques qui incitent les personnes à migrer.
Il s’agit notamment de la pauvreté, de la répression, des situations de conflit et de la violence. En toile de fond, l’émigration de jeunesse africaine, notamment subsaharienne, pose le problème de la gouvernance des pays africains dans le contexte de la mondialisation issue du consensus de Washington des années 80.
Diverses tentatives de solutions ont été faites. A cet effet, les 11 et 12 novembre 2015, une rencontre de très haut niveau (Chefs d’Etat et de gouvernement) sur la migration a eu lieu à la Valette (Malte), entre l’Union Européenne (UE) et 36 pays Africains, autour de l’objectif de renforcement de la coopération entre les deux continents.
Ce sommet a abouti à l’engagement des dirigeants à aborder les causes profondes de la migration irrégulière et du déplacement forcé, en tenant compte de la question de la migration et de mobilité dans la formulation de leurs stratégies de développement, programmation et mise en œuvre entre les deux continents.
Les dirigeants africains et européens sont également convenus de renforcer la protection internationale des migrants et de renforcer l’aide, et de reconnaître la nécessité de faciliter la migration et la mobilité régulière des entrepreneurs, des étudiants et des chercheurs.
Un Fonds fiduciaire d’urgence (FFU) de l’Union Européenne pour l’Afrique, à hauteur de 1,8 milliards d’euros, a été lancé afin de mettre en œuvre le Plan d’Action Conjoint de la Valette (PACV) sur la migration, en vue d’apporter des solutions en rapport aux causes profondes de la migration irrégulière et des personnes déplacées en Afrique.
Devraient en bénéficier, les pays des régions du Sahel et du lac Tchad, de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord, considérés comme étant les principales routes de la migration vers l’Europe.
En Janvier, sur le site de la Commission Européenne l’on peut lire que le FFU a mobilisé 5 milliards d’Euros soit plus de 3200 milliards de FCFA. Sur les fonds mobilisés, 4,9 milliards d’Euros ont été approuvés pour financer 251 projets dans 26 pays d’Afrique.
Les pays du Sahel, le Burkina-Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria le Sénégal et le Tchad ont reçu, au titre de ce fonds, 2,21 milliards d’euros, soit environ 1451 milliards de FCFA.
Pourtant à la réunion des hauts fonctionnaires, cadre créé pour suivre le PACV, tenue en 2017, il a été noté que le PACV n’avait pas réussi à contenir la migration. La tragédie des enclaves espagnoles vient confirmer cet échec.
𝗟𝗲 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜 𝗿𝗲𝗹𝗲𝘃𝗲 𝟯 𝗿𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗲𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘁 𝗲́𝗰𝗵𝗲𝗰, 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲𝘀 𝗱’𝗼𝗿𝗱𝗿𝗲 𝘀𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲𝗹 :
𝟭- La non transparence dans la gestion du FFU : Les populations ignorent tout de ce Fonds géré exclusivement par les gouvernements dans un contexte de forte corruption. D’où le silence gênant des gouvernements africains sur les derniers violents dans les enclaves et les autres formes de traitements discriminatoires défavorables aux migrants africains.
𝟮- La complaisance dans l’évaluation des performances économiques Africaines : La Côte d’Ivoire a connu, selon le gouvernement, de fortes croissances économiques pendant 10 années. Pourtant elle figure parmi les premiers fournisseurs de migrants.
Selon les autorités Italiennes, le tiers des immigrants qui arrivent en Italie sont de nationalité ivoirienne. Chaque mois, depuis 2011, ce ne sont pas moins de 1500 ivoiriens qui prennent le risque et bravent tous les obstacles de l’immigration clandestine pour arriver aux frontières italiennes.
Ce nombre est beaucoup plus élevé que pendant la période de guerre 2002-2010. Il convient d’ajouter à cette migration dite irrégulière le nombre de migrants réguliers au nombre desquels de nombreux médecins, chercheurs, universitaires d’ingénieurs et autres techniciens très qualifiés.
𝟯- Le déséquilibre des échanges commerciaux et la faiblesse des productions économiques Africaines qui ne favorisent pas la lutte contre la pauvreté et n’offrent pas de perspectives aux jeunes.
𝗘𝗻 𝘀𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 :
𝟭- Le PPA-CI demande à l’Union Européenne de rendre publics les fonds alloués à chaque pays et les projets d’insertion y afférents. Un rapport doit être dressé, à cet effet, et déposé devant les députés de chaque pays.
Cela permettra un meilleur suivi-évaluation des populations elles-mêmes. Toute chose qui va garantir une plus grande transparence.
𝟮- Ces allocations doivent privilégier les indices de développement humain et non, les ratios macroéconomiques qui ont du mal à restituer les réalités économiques des pays.
𝟯- La proximité de l’Afrique avec l’Europe impose à celle-ci des solutions économiques structurelles profondes dans ses rapports avec l’Afrique. Les réajustements circonstanciels ou conjoncturels ne peuvent faire sortir l’Afrique de la pauvreté structurelle.
Dans une perspective plus large, il faut un consensus Euro-Afrique qui remplace le consensus de Washington dont l’approche globalisante reste défavorable aux économies Africaines.
𝗜𝗜- 𝗟𝗘 𝗣𝗢𝗡𝗧 𝗔 𝗣𝗘𝗔𝗚𝗘 𝗗𝗘 𝗚𝗥𝗔𝗡𝗗-𝗕𝗔𝗦𝗦𝗔𝗠 𝗗𝗔𝗡𝗦 𝗟𝗘 𝗖𝗢𝗡𝗧𝗘𝗫𝗧𝗘 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗛𝗘𝗥𝗘𝗧𝗘 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗘
Le point de péage, entre la commune de Port-Bouet et celle de Grand-Bassam, constitue le deuxième péage urbain de la ville d’Abidjan après celui du pont Henri Konan Bédié. Ce qui fait d’Abidjan, l’une des rares villes Africaines à avoir des péages urbains.
A l’échelle du monde, le péage urbain est une pratique assez récente qui s’étend lentement notamment en Europe. On pourrait la situer à partir des années 2000. En effet, l’expérience a commencé en 1975 à Singapour, puis ont suivi les villes de Téhéran (Iran), d’Oslo et Bergen (Norvège).
Longtemps après, Londres épouse cette expérience en 2003, suivie de Stockholm en 2006 et de Milan en 2008, pour ne citer que ces grandes villes. En 2005, la population écossaise d’Edimbourg a rejeté le projet de péage de ladite ville à la suite d’un vote populaire à plus de 74% des votants. A Bruxelles, le projet de péage appelé « Smartmove » a été fortement querellé, avant sa réalisation, de 2018 à 2021.
Envisagé par le Gouvernement français, le projet de péages urbains, pour accéder aux grandes villes françaises, est actuellement en souffrance, malgré un avis favorable de la Cour des Comptes en vue du financement des transports en commun. Dans ces cas cités, l’instauration d’un péage urbain a fait l’objet de débat démocratique pour associer, autant que possible, les populations au projet.
En Côte d’Ivoire, ces décisions sont prises d’autorité, sans aucune consultation des populations. Pourtant l’expérience est quasi-inédite en Afrique. Ce qui fait des péages urbains d’Abidjan, une exception en Afrique. Comparé aux autres expériences, le péage d’Abidjan se singularise par son mobile exclusivement financier.
En effet, alors que les péages urbains ailleurs sont utilisés comme moyen de lutte contre la pollution par la réduction du trafic dans, notamment dans les grandes agglomérations européennes, ceux d’Abidjan visent uniquement à collecter des recettes. C’est pourquoi il ne prévoit pas de cas d’exemption.
A Londres, par exemple, les résidents des parties de la ville concernée par le péage ne sont pas soumis au paiement du droit de péage, ainsi que les véhicules non-polluants.
A Bruxelles, les petites cylindrées en sont exemptées. Malgré le mobile louable de lutte contre la pollution de grandes villes, les péages urbains sont toujours contestés ailleurs parce qu’ils restreignent un droit fondamental, celui d’aller et de venir qui est consubstantiel à l’existence même de la personne, surtout lorsque la personne n’a d’autre choix que de passer par ce péage.
En Côte d’Ivoire, les citoyens ne comprennent pas pourquoi ils devraient payer un droit d’accès à leur lieu de résidence ou leurs lieux de travail. Il y en a même qui assimilent le péage urbain à une sorte d’impôt de capitation assis per capita, c’est à dire par tête de personne du seul fait de l’existence de celle-ci.
Par exemple, l’inexistence de voies de déviation obligent les populations qui habitent la cité de la paix, c’est-à-dire avant le péage en venant d’Abidjan, à passer ce dernier au retour du travail. Il devra donc payer la somme de 1000FCFA à l’aller et 1000FCFA au retour afin de regagner son domicile.
À cela s’ajoute un rallongement de son chemin de 21 kilomètres occasionnant un coût supplémentaire de carburant. Pour eux, ce péage a toutes les apparences d’impôt mensuel de 44 000 FCFA (2000 FCFA × 22 jours ouvrables), soit 528 000 FCFA l’année.
Cette somme représente l’équivalent d’un mois de salaire pour un cadre supérieur de l’Administration. Cet impôt est dû au seul fait qu’ils vivent dans la périphérie d’Abidjan.
Pour bien comprendre la référence à l’impôt de capitation, il faut se rappeler que c’est une forme de contribution fiscale partout où l’assiette de l’impôt est faible. L’Etat transforme les personnes physiques en matière imposable, comme ce fut le cas pendant la période coloniale en Afrique.
Le Chef de l’État ivoirien est un adepte de ce type de contribution fiscale. Pour preuve, à peine nommé Premier Ministre en Avril 1990, il fit prendre, le 29 mai 1990, une série de 5 mesures d’ordre budgétaire d’urgence pour renflouer les caisses du Trésor. Il s’agit de :
- la loi 90-433 du 29 mai 1990 portant prélèvement d’un acompte au titre des impôts sur les revenus locatifs ;
- la loi 90-434 du 29 mai 1990 instituant un acompte sur divers impôts ;
- la loi 90-435 du 29 mai instituant une retenue à la source sur les sommes mises en paiement par le Trésor Public ;
- la loi 90-436 du 29 mai 1990 portant modification des tarifs des droits et taxes d’entrée ;
- la loi 90-437 du 29 mai 1990 relative à l’entrée et au séjour des étrangers en Côte d’ivoire (carte de séjour).
La carte de séjour a donc été introduite en 1990 pour des raisons strictement fiscales. L’étranger, en grand nombre en Côte d’Ivoire, vu comme personne physique, a été pris comme une matière imposable.
Cette perception des choses se perpétue aujourd’hui avec la Carte Nationale d’Identité dont le gouvernement refuse de diminuer le coût. Or, quand un gouvernement transforme les habitants de son pays en matière imposable, alors ce Gouvernement a atteint ses limites.
La situation du péage de Port-Bouet à Grand-Bassam est assez difficile à expliquer d’autant que le tronçon de cette autoroute n’a pas été réalisé dans le cadre de Partenariat Public Privé (PPP) de type BOT comme c’est le cas pour le pont Henri Konan Bédié.
Même pour ce dernier cas, la sagesse aurait recommandé que l’on aménage un dispositif de financement autre que le BOT pour un pont urbain.
D’ailleurs tous les prédécesseurs du Chef de l’Etat n’ont jamais voulu d’un pont à péage en plein Abidjan. Juste pour rappel, le Ghana a procédé au démantèlement de son péage entre Accra et Tema, du fait que ces deux villes sont confondues aujourd’hui.
Maintenir ce péage en ferait un péage urbain. Le Gouvernement ghanéen, malgré ses problèmes budgétaires, n’en a pas voulu. Même lorsqu’il existait, le tarif était compris entre 0,5 cedi et 1 cedi soit entre 75 FCFA et 150 FCFA. Le Gouvernement ivoirien dit que ses tarifs de péages sont les moins chers d’Afrique.
𝗟𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗼𝗽𝗼𝘀𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝘂 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜 :
𝟭- Pour le PPA-CI, le péage n’a pas sa raison d’être au lieu où il est implanté. Si l’objectif recherché est de trouver les fonds pour le financement de l’autoroute de la CDEAO, il convient de placer ce péage au carrefour SAMO, Assinie en exemptant les pauvres populations vivant dans les environs de cette localité.
Les citoyens privilégiés de la « république exceptionnelle d’Assinie » pourront se délier de leur surpoids de fortune pour payer un droit d’accès dans leur république, sans déranger les pauvres travailleurs et autres laissez pour compte de la gouvernance du RHDP.
𝟮- Le PPA-CI invite le Gouvernement, à défaut de déplacer le poste à péage, d’en réduire considérablement le coût tout en exonérant les populations riveraines qui n’ont aucune alternative que de passer par ce péage. Le PPA-CI propose la somme de 200 FCFA. Ce coût doit d’être maintenu même si le péage est déplacé.
𝟯- Dans une approche plus large, le Gouvernement, dans ce contexte d’inflation, doit diminuer ou supprimer les droits de certaines prestations qui relèvent exclusivement de la qualité des citoyens des bénéficiaires. Il s’agit par exemple du coût de la Carte Nationale d’Identité.
𝟯. 𝗟𝗔 𝗟𝗘𝗩𝗘𝗘 𝗗𝗘𝗦 𝗦𝗔𝗡𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡𝗦 𝗜𝗡𝗜𝗤𝗨𝗘𝗦 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗘𝗗𝗘𝗔𝗢 𝗜𝗠𝗣𝗢𝗦𝗘𝗘𝗦 𝗔𝗨 𝗣𝗘𝗨𝗣𝗟𝗘 𝗠𝗔𝗟𝗜𝗘𝗡
Le 61ème sommet ordinaire de la CEDEAO s’est tenu au Ghana le 3 juillet 2022. Le sommet a passé en revue plusieurs questions touchant aux problématiques suivantes :
- la paix, la sécurité et la démocratie,
- les performances économiques,
- la monnaie unique,
- la crise alimentaire, des mesures d’atténuation et de renforcement de la résilience des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest,
- le développement du capital humain,
- la mise en œuvre d’autres programmes d’intégration régionale
- L’acte additionnel sur la classification des matières et mode de prise de décision par les instances statutaires de la CEDEAO
- Les questions institutionnelles.
Le PPA-CI reviendra en profondeur sur certaines des questions dont l’approche et les recommandations ne sont pas suffisantes à son avis. Il s’agit notamment :
- la question de la libre circulation des biens et des hommes dans l’espace communautaire en rapport avec l’incompréhensible fermeture, à ce jour, de la frontière de la Côte d’Ivoire avec le Ghana ;
- celle de la monnaie unique ECO et les réticences que l’on observe dans certains pays quant à la révision du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001.
En attendant, le PPA-CI revient sur la levée des sanctions iniques imposées au peuple malien décidée par le Sommet. L’on se souvient que lors d’un sommet extraordinaire sur le Mali, tenu le 09 janvier 2022, les Présidents et les Chefs d’État avaient pris une batterie de sanctions contre le Mali. Ces sanctions étaient libellées comme suit :
- fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali;
- suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali;
- Gel des avoirs de la République du Mali ainsi que des entreprises publiques maliennes dans les banques centrales de la CEDEAO;
- Suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la CEDEAO, notamment la BIDC et la BOAD;
-Activation de la force en attente de la CEDEAO.
Le même jour, la Conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA, réunie en session extraordinaire en marge du sommet de la CEDEAO, avait entériné les sanctions énoncées par ledit sommet.
Dans un communiqué publié le 11 janvier 2022, le PPA-CI avait dénoncé ces sanctions en ce qu’elles impactaient directement la vie, déjà difficile, du peuple Malien sans apporter une réponse adéquate à la situation intérieure du Mali en termes notamment de la sécurité mise en mal par le terrorisme. Une très forte opinion, à la fois politique et civile en Afrique, avaient condamné ces mesures de rétorsion contre le Mali.
Par la suite, la Cour de Justice de l’UEMOA, saisie par les autorités de transition du Mali, a rendu l’ordonnance numéro 06/2022/CJ du 24 mars 2022, qui ordonna la suspension des sanctions en attendant qu’elle statuât sur le fond du litige dont elle était saisie.
Le PPA-CI relève, avec regret, que l’UEMOA n’a pas déféré à cette décision qui émane de sa propre Cour de Justice.
Ce qui nous donne une idée de la perception que nos Chefs d’État ont de la justice quand elle ne sert pas leur cause. Cette attitude de L’UEMOA apporte du moulin à l’opinion qui soutient que la levée des sanctions contre le Mali confirme l’égoïsme des dirigeants de la CEDEAO qui n’ont daigné lever opportunément ces sanctions qu’en raison de la Tabaski.
En effet, le Mali étant un grand fournisseur de bétail pour certains pays, se priver de la fourniture du Mali en ces temps de Tabaski rendrait plus cher le mouton qui est l’animal essentiel du sacrifice de ce jour très saint pour les Musulmans.
Donc, les sanctions injustes et asphyxiantes pour le peuple malien n’auraient été levées que parce que l’intérêt direct des populations des pays, dont les Présidents ont joué un rôle avant-gardiste de ces sanctions, est directement touché. C’est démarche égoïste tranche avec la solidarité qui justifie toute intégration régionale.
𝗘𝗻 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗲𝘁𝗮𝘁 𝗱𝗲 𝗰𝗮𝘂𝘀𝗲, 𝗹𝗲 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜 :
𝟭- se félicite de la levée des sanctions;
𝟮- salut le courage, la résilience et le patriotisme; du peuple Malien qui doit inspirer toute l’Afrique;
𝟯- réaffirme son soutien au peuple malien;
𝟰- encourage les autorités de la transition à respecter le calendrier du processus de retour à une normalité constitutionnelle qu’elles ont élaboré;
𝟱- invite la CEDEAO à tirer toutes les leçons de la crise malienne et d’arrêter la manipulation, à des fins politiques, des instruments économiques et financiers, notamment la BCEAO, contre les intérêts des peuples. Une telle pratique discrédite notre volonté d’intégration sous-régionale.
Le Peuple Malien a démontré à suffisance qu’aucune force ne peut arrêter la volonté d’auto-détermination d’un peuple.
Mesdames et messieurs les journalistes
Une fois encore, merci d’avoir répondu à notre appel.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
𝗔𝗯𝗶𝗱𝗷𝗮𝗻, 𝗹𝗲 𝗝𝗲𝘂𝗱𝗶 𝟬𝟳 𝗷𝘂𝗶𝗹𝗹𝗲𝘁 𝟮𝟬𝟮𝟮
𝗦𝗘𝗥𝗩𝗜𝗖𝗘 𝗖𝗢𝗠𝗠𝗨𝗡𝗜𝗖𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜