Lorsque Robert Bourgi a révélé que « Laurent Gbagbo avait remporté les élections de 2010, et non Alassane Ouattara », affirmant que c’est le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui a inversé les résultats, il a ouvert la voie à la « déclassification » des informations. En agissant ainsi, il a indirectement lancé un défi à Guillaume Kigbafori Soro. Robert Bourgi, avocat franco-libanais et proche des cercles de pouvoir français, a replacé la crise post-électorale de 2010-2011 entre les mains de l’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, qui avait supervisé cette élection.
Il n’est désormais plus question de déterminer qui a réellement gagné cette élection, car cela semble déjà établi : Laurent Gbagbo en est le vainqueur, selon les propos de Bourgi. Ce dernier a, en quelque sorte, allégé la tâche de Soro, qui, malgré la pression du régime Ouattara, avait jusque-là choisi de rester discret ou équilibriste, évitant de contredire la version officielle française de cette crise.
Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale, s’est longtemps aligné sur le discours de l’Élysée, évitant d’affirmer que Ouattara avait perdu les élections de 2010. Il espérait probablement bénéficier de la protection des autorités françaises face à la traque dont il fait l’objet. Ou peut-être pensait-il qu’en ne déviant pas de cette position, il pourrait obtenir le soutien des Ivoiriens à l’avenir. Mais aujourd’hui, un acteur plus crédible que lui, Robert Bourgi, a tranché : « Laurent Gbagbo avait gagné les élections de 2010, et non Alassane Ouattara ».
Ce que Bourgi a dévoilé aurait pu l’être par Soro lui-même, détenteur de nombreuses preuves et documents sur cette crise, dans un livre toujours attendu. Malheureusement, Soro n’a pas saisi cette occasion, restant silencieux malgré son implication directe dans les négociations de cette période troublée.
La balle est désormais dans son camp. Soro doit maintenant jouer son rôle en dévoilant davantage comment Laurent Gbagbo a remporté ces élections et comment, techniquement et politiquement, Alassane Ouattara a perdu. Ses anciens alliés ne lui reprocheraient plus de trahir un secret qui n’en est plus un. Guillaume Soro, après Robert Bourgi, à toi de jouer !
Germain Séhoué