En Côte d’Ivoire, c’est l’effervescence au sein des états-majors des partis politiques dans la perspective des élections présidentielles de 2025. Dans cet article, nous nous intéressons au Parti de Laurent Gbagbo, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Beaucoup d’Ivoiriens placent leur espoir dans ce parti pour relever des défis majeurs, contenus dans les dix piliers de la Renaissance, son programme de gouvernement.
Défis sur le terrain
Mais ce parti a-t-il réellement les moyens financiers pour atteindre ses objectifs ? Ou alors, capitalise-t-il uniquement sur le « nom » et l’audience de Gbagbo pour faire la différence ? Depuis l’avènement du président Alassane Ouattara au pouvoir, l’argent a divisé le pays. Les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile, qui devraient jouer le rôle de contre-pouvoir, sont fragmentés à cause du pouvoir de l’argent. Sur le terrain comme dans les casernes, l’argent circule pour ne pas donner de chance à l’opposition de relever la tête. La fraude sur la nationalité pour se constituer un électorat est violente et flagrante.
C’est sur ce « marché » que se trouve le PPA-CI. Quel est son budget pour envoyer ses hommes et ses femmes enthousiastes en mission, en campagne sur le terrain, afin que, face aux inondations d’argent, leur discours soit audible ? Il s’agit d’aller loin, sur le terrain, dans des zones souvent difficiles, de parler à des communautés, à des notabilités. Et ces circonstances nécessitent des liquidités pour capter l’attention de l’auditoire. Il ne suffit plus de dire « Gbagbo dit que… », parce que quelqu’un d’autre est déjà passé et a également dit que… à sa manière.
Un paradoxe alarmant
Le jeu n’est donc pas simple. Des gens, même des cadres du PPA-CI, sont assis chez eux et lancent : « Gbagbo va gagner ». Ok, mais comment ? Le dimanche 17 juin 2024, à Guiglo, le Secrétaire National Michel Déazon posait cette question en exhortant les militants : « Dans un comité de base, il y a 20 personnes ; dans la section qui est dans le village, ça fait 160 personnes. Comment fait-on pour que le candidat du PPA-CI obtienne 40 voix quand on vote ? Les 160 personnes sont des militants qui sont sur nos listes, donc un acquis à partir duquel on devrait chercher d’autres voix, lutter avec les autres. Mais comment se fait-il qu’on se retrouve avec 40 voix ? »
C’est pourquoi, le parti prévoit-il une dotation financière conséquente pour les délégations envoyées sur le terrain, notamment loin d’Abidjan ? Ou alors, on les envoie en leur disant « débrouillez-vous, le parti n’a rien » ? C’est avec « débrouillez-vous, le parti n’a rien » que le PPA-CI va aller à la conquête du pouvoir en 2025, là où les adversaires se montrent autrement éloquents ? Quelle est cette mission qui peut réussir sans moyens ? N’y a-t-il pas de cotisation au sein du parti ? N’y a-t-il pas d’autres sources de financement légales pour aider le parti à avancer ?
Allocation des ressources
Nous sommes dans un environnement compétitif où seules les idées ne comptent pas : il faut des moyens pour que les équipes se déplacent, pour que leur voix porte. Mais un parti avare, dont la main est trop souvent dans la poche, ne doit pas être étonné de ses infortunes. Le président exécutif du PPA-CI, Pr Sébastien Dano Djédjé, parle à la presse ce jeudi 20 juin 2024 et fait le point des missions envoyées sur le terrain. Le budget alloué à ces missions permet-il d’attendre d’elles des prouesses particulières ? Les équipes de campagne vont-elles continuer à faire des sacrifices ? Le PPA-CI a-t-il vraiment les moyens de sa quête du pouvoir en 2025 ?
Germain Séhoué