C’était incroyable ! Dès qu’il a été investi candidat de son parti, le PPA-CI, pour la présidentielle de 2025, le vendredi 10 mai 2024, au Palais des Congrès de Sofitel Ivoire, l’ancien président Laurent Gbagbo s’est déployé telle une érection verticale, retrouvant son génie politique. Il ne s’est pas encombré des lianes du genre « tel a fait la cuisine pour moi en prison… tel finançait le repas », etc. qui faisaient la joie du camp Ouattara. Au grand bonheur de ses partisans, il n’a donc pas donné dans la diversion affligeante subie depuis son retour de La Haye, mais s’est montré politiquement pointu et cinglant pour ses adversaires et leurs attelages.
Investi, c’est désormais un soldat redoutable prêt au combat, parce que déjà au combat. Il dira en direction de ceux qui se gargariseraient de leur background financier, de ne pas se méprendre sur la demande de la Côte d’Ivoire pour le grand rendez-vous de 2025. Certains disent « ah oui, j’ai été banquier… ah oui, j’ai été ceci … », « oui, mais, ça, ici-là, on cherche un Président de la République… en Côte d’Ivoire, on cherche un chef d’Etat, c’est-à-dire on cherche quelqu’un qui va prendre des décisions qui vont orienter notre économie, qui vont orienter notre politique, c’est ça qu’on cherche, on ne cherche pas un ancien banquier ».
A ces mots et au regard de la gestuelle et de l’ironie mordante qui accompagne la salve, la salle du Palais des Congrès s’est renversée de rire, de joie et de bonheur. C’est ce Gbagbo-ci que ses partisans attendaient et recherchaient depuis… Mais il y avait tellement de forteresses autour de sa personne et de son engagement, qu’il était à peine visible et lisible.
Mais le voilà qui « bande » à nouveau, lançant des projectiles politiques impitoyables sur le champ de l’adversité parce que, tant pis pour les chasseurs qui s’y hasardent sans curasse, sans casques et sans parades.
Et là, quand « il a mis sa bouche sur la CEI », c’était gâté ! Une CEI à reformer, une CEI où les gens ont faim, donc ne sont pas libres d’être effectivement indépendants, une CEI…
Le spectacle de la verve de Laurent Gbagbo après son investiture était tel que les gens n’avaient envie que cela prenne fin. Mais ils se sont régalés ! Laurent Gbagbo a retrouvé sa verticalité politique. Le seul regret, il a été long au démarrage : depuis son retour au pays, c’est seulement maintenant que les Ivoiriens retrouvent Laurent Gbagbo. Y compris moi.
Germain Séhoué