La transparence, pilier fondamental de la bonne gouvernance, incarne l’ouverture et la clarté dans les actions gouvernementales. Elle vise à rendre accessibles les informations et les processus décisionnels aux citoyens.
Dans ce contexte, la mise en œuvre de la transparence reste un défi majeur. Malgré les progrès réalisés avec quelques levées de voile de la Cour des comptes ces derniers temps, des lacunes persistent dans la divulgation des données financières et des politiques publiques.
Les implications politiques, sociales et économiques
La promotion de la transparence politique favorise la confiance des citoyens envers les institutions gouvernementales. Elle renforce ainsi la stabilité démocratique. Sur le plan social, elle encourage la participation citoyenne et la lutte contre la corruption. Sur le plan économique, elle stimule l’investissement et la croissance en assurant un environnement favorable aux affaires.
Profil requis pour promouvoir la transparence
Les acteurs chargés de promouvoir la transparence doivent être intègres, compétents et dotés d’une forte éthique professionnelle. Et non des gens qui aient un passé équivoque. Ils doivent également faire preuve de courage politique et d’impartialité pour instaurer des réformes nécessaires et résister aux pressions externes.
Les défis que Beugré Mambé doit relever
Dans cette politique de transparence gouvernementale, il est important de reconnaître qu’il y a des craintes légitimes et des sources potentielles d’inquiétude. Malgré les intentions louables derrière la promotion de la transparence, plusieurs facteurs peuvent contribuer à des lacunes ou à des préoccupations.
En première place, nous avons le manque de mise en œuvre effective. Des mesures de transparence sont annoncées mais pas pleinement mises en œuvre dans la pratique, laissant ainsi des zones d’opacité et de secret. Sinon comment comprendre ces tonnes de milliards chaque fois impunément détournés ? La Haute Autorité de la Bonne Gouvernance avait rappelé à tous les assujettis que la déclaration de patrimoine est une obligation prescrite par l’article 41 de la Constitution ivoirienne. Ainsi, le 08 juin 2022, selon Emmanuel Assi, représentant cette entité, depuis le lancement de l’opération de déclaration de patrimoine en juin 2015 jusqu’à la date du 31 mai 2022, le taux global de déclaration de patrimoine de prise de fonction ou de début de mandat s’établit à 79,58%. Il avait soutenu que « Ce taux est encore plus élevé lorsque l’on considère certaines catégories d’assujettis telles que les membres du Conseil constitutionnel (100%), les magistrats (97%) et les membres du gouvernement (93%)». Mais quelle évaluation fait-on périodiquement ou en fin de mandat de l’intéressé pour savoir à quel niveau de richesse et qu’acquisition il se trouve ? On n’en sait rien.
En second lieu, il y a la résistance institutionnelle. Les structures bureaucratiques ou des individus au sein du gouvernement résistent aux initiatives de transparence. Ils craignent une perte de contrôle ou de pouvoir. On a ensuite la corruption dont on a les échos fréquents et le népotisme. Malgré les annonces de la transparence, des pratiques corruptives et des favoritismes liés au rattrapage ethnique subsistent. Et compromettent l’objectif affiché de gouvernance ouverte.
A cela, il faut ajouter la faible sensibilisation citoyenne. Une partie de la population n’est pas suffisamment informée des politiques de transparence et une autre ne dispose pas d’outils nécessaires pour surveiller et demander des comptes au gouvernement.
L’autre cactus, ce sont pressions externes. Dans un pays où il y a de gros intérêts extérieurs, tels que des groupes d’influence ou des entreprises des grandes puissances occidentales, on assiste naturellement à des pressions pour restreindre la transparence afin de servir leurs propres intérêts.
Dans l’ensemble, la transparence en gouvernance reste un idéal à atteindre en Côte d’Ivoire. Elle nécessite un engagement continu des autorités et de la société civile pour confirmer les frémissements en cours et surmonter les défis persistants. Les regards sont braqués sur le Premier ministre Robert Beugré Mambé.
Germain Séhoué