Sans blague ! Le lion, lui, fait son boucan dans la forêt. Sur ses collègues animaux. Mais à Nabankaha, (Ferké, Tchologo) village de plus 100 âmes, c’est un Bouc qui règne depuis plus de 15 ans ! Chef du village ! Désigné par la population. Reportage audiovisuel d’un confrère. Le célèbre Bouc ? Il est leur guide protecteur. Leur guide éclairé !
Ne me demandez pas depuis quand s’est lavé le Chef du village ! Ce n’est pas le critère de leadership à Nabankaha. L’essentiel, selon le porte-parole de la population, Sagamougou Silué, le Bouc assure la médiation, la coordination entre les génies et le peuple. Il veille sur la population. Garant de la tradition. Chose qui donne la paix dans le village. Comment travaille le Chef Bouc avec ses notables ? Secret d’Etat !
Être dirigé par un animal, un mouton ou un bouc, ne peut donc plus être une légende. C’est un autre modèle de société. Les hommes n’ont plus confiance aux hommes. Un bouc ne peut trahir son peuple. Voler son village. Organiser des horreurs pour… un tabouret.
Voilà donc le valeureux peuple de Nabankaha qui s’est donné comme Chef, son excellence Monsieur le Bouc. Un Bouc qui marche en conquérant dans la cité. Avec une barbe gigantesque de missionnaire colonial. Se mêlant à la population. Se couchant où il veut, quand il veut et dans n’importe quelle position il veut. Conséquence : depuis plus de 15 ans, pas d’histoire dans le village.
L’exemple de Nabankaha ne va-t-il pas séduire certains États ou certaines organisations où les dirigeants, ou autres assoiffés de pouvoir, ne parviennent pas à s’accorder sur le minimum ? La population de Nabankaha n’est pas bête. Mais c’est une bête qui lui garantit paix et tranquillité. « Nous, on le considère comme un homme » dit le porte-parole de la population de Nabankaha qui rassure que si ce Bouc « n’est pas là, ses enfants sont là, on va prendre un de ses enfants pour mettre à sa place. » Voilà donc l’alliance avec la famille Bouc. Une famille royale. La succession est claire, la constitution ne balbutie pas. Le Bouc ou rien. On lui doit respect, honneur et soumission.
Un Bouc comme Chef ? Pourquoi pas ? La démocratie du bouc, ce serait une expérience pas mal ! Mais allons au référendum, on verra !
Germain Séhoué