À deux semaines de la présidentielle de 2025, le gouvernement a annoncé une augmentation significative des prix garantis aux producteurs de cacao et de café. Le cacao passe ainsi de 2 200 F CFA/kg lors de la campagne intermédiaire 2024-2025 à 2 800 F CFA/kg pour la campagne 2025-2026, soit +600 F CFA par kilo. Quant au café, il passe de 1 500 F CFA/kg à 1 700 F CFA/kg, soit une hausse de 200 F CFA.
Pour les paysans, cette mesure représente un gain important. Sur une production d’une tonne de cacao, un planteur encaisse désormais 600 000 F CFA de plus qu’en 2024. Même logique pour le caféiculteur, qui gagne 200 000 F CFA de plus par tonne. Dans un contexte de vie chère, cette bouffée d’oxygène ne peut être minimisée.
Mais le timing interroge. Cette annonce intervient alors que se dresse toujours la question d’un quatrième mandat anticonstitutionnel du président Alassane Ouattara. La hausse des prix, en apparence sociale, prend ainsi une coloration politique. Beaucoup y voient une tentative du RHDP de séduire le monde paysan, véritable socle de l’économie nationale, en échange d’un soutien tacite en 2025 pour briser la contestation.
Certes, améliorer le sort des producteurs est une exigence légitime. Mais présentée à la veille d’une élection décisive, cette mesure ressemble à un marchandage électoral : une manne financière contre une indulgence vis-à-vis d’un projet de 4e mandat controversé. Or, les Ivoiriens ont montré à plusieurs reprises que la prospérité matérielle ne saurait compenser le déficit démocratique.
Certes, chaque année, les prix du café et du cacao sont traditionnellement annoncés en octobre, au lancement de la campagne. Mais en 2025, cette date coïncide avec la présidentielle. Hasard du calendrier ou pas, le régime met clairement cette simultanéité à profit, transformant une décision économique attendue en outil politique pour séduire l’électorat paysan.
Le débat est donc clair : s’agit-il d’un progrès durable pour les planteurs, ou d’une monnaie d’échange politique visant à faire accepter l’inacceptable ? Mais en vérité, le Rhdp utilise là encore une de ses méthodes de conservation du pouvoir : l’argent.
Germain Sehoué































