Depuis que le 5e Pont d’Abidjan, baptisé Alassane Ouattara, a été livré aux autorités, il est devenu bien plus qu’une simple infrastructure en Côte d’Ivoire. À chaque jour férié, pratiquement, le pont est fermé à la circulation automobile pour permettre à la population de le visiter et de le contempler, se rincer les yeux. Selon un communiqué du ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier, cette tradition se poursuivra le mercredi 1er novembre 2023, de 06h à 23h, afin de garantir la sécurité des visiteurs.
Cependant, cette obsession pour le pont suscite des questions. Dans un pays où les défis du développement, de l’humanitaire et de l’existentialisme sont criants, où le coût de la vie ne cesse d’augmenter sans que les gouvernants ne trouvent de solutions adéquates, l’invitation à contempler une structure devient déconcertante. En tout cas, il est difficile de comprendre pourquoi l’attention se porte sur la contemplation d’une infrastructure.
Visiter le Pont Alassane Ouattara est devenu un projet de vie pour les inconditionnels du pouvoir et les dirigeants qui les poussent à cet exercice. Et on verra des gens se coucher sur le bitume, se baigner sur le pont, se mettre dans toutes sortes de position sur la réalisation du siècle pour se faire photographier. Les Ivoiriens seraient-ils à ce niveau de distraction ? Mon œil !
Il semble ne manquer qu’une chaise étoilée à la Place FiCGAYO de Yopougon, où le Dr. Alassane Ouattara lui-même s’assoit, pour que les Ivoiriens défilent en procession pour le contempler. On pourrait presque croire que ses réalisations ont sauvé la nation tout entière ou même l’humanité.
Pourtant, il est temps de se demander si cette fascination pour un pont ne détourne pas l’attention des véritables problèmes auxquels les Ivoiriens sont confrontés. Au lieu de simplement contempler une infrastructure, il est peut-être temps de se pencher sur des solutions tangibles pour les défis de la vie quotidienne.
La fermeture du Pont Alassane Ouattara, même si temporaire, soulève des questions sur les priorités de la nation. Est-ce là que se trouvent les préoccupations des Ivoiriens ? Se délecter du Pont Alassane Ouattara et mourir de peu ? Bien sûr que ceux qui sont rassasiés à péter et cherchent un moyen de digérer peuvent aller en pèlerinage sur la Merveille réalisée par le chef de l’Etat ivoirien. Bonne chance !
Germain Séhoué