C’est une prouesse pour le moins surprenante que vient d’accomplir le régime Ouattara. À vingt-quatre heures de l’ouverture des bureaux de vote, le très sérieux site Abidjan.net a publié, comme l’aurait fait la Commission électorale indépendante (CEI) de Coulibaly Kuibiert, les résultats provisoires de la présidentielle.
Selon le tableau de votes affiché, scientifiquement présenté, le candidat du RHDP, Alassane Ouattara, y apparaît vainqueur avec 95,75 % des suffrages, suivi (pas dans l’ordre) de Simone Gbagbo (0,74 %), Henriette Lagou (1,57 %), Jean-Louis Billon (0,65 %) et Ahoua Don Mello (0,64 %). Il n’était pas encore « minuit », et pourtant les résultats semblaient déjà prêts.
Mais vu que l’onde de choc provoquée par cette publication commençait à secouer l’opinion, Abidjan.net a promptement retiré l’information, publiant un communiqué évoquant une « erreur d’affichage de données sur la plateforme des résultats de l’élection présidentielle de 2025 ».
Erreur d’affichage ? Trop tard ! Pour beaucoup, la main de la Providence venait de lever le voile sur ce qui s’était savamment préparé et expliquait les airs triomphants des partisans du « un coup K.O. » durant la campagne électorale.
En réalité, connaissant les pratique du RHDP, nombreux sont les Ivoiriens convaincus que le candidat Alassane Ouattara n’a pas besoin du vote pour être déclaré élu à 95 %. C’est d’ailleurs ce que le vice-président Patrick Achi tentait de faire comprendre à ses parents de la Mé : Que vous votiez ou non, il gagnera… Une situation que le président Laurent Gbagbo vient de qualifier, à trois jour du scrutin de « coup d’État civil » ou de « braquage électoral ».
Reste maintenant à savoir comment Abidjan.net compte réellement convaincre les Ivoiriens du caractère purement accidentel de cette publication. Son communiqué — « un regrettable incident technique s’est produit sur notre site, entraînant l’affichage momentané de données non réelles… » — peine à dissiper les doutes.
Car d’où proviennent ces fameuses « données » ? Qui les a élaborées, et selon quelles sources, alors que le scrutin n’était prévu que pour le lendemain, samedi ? Si ce n’était qu’une simple simulation, pourquoi les chiffres n’ont-ils pas été inversés ou rendus symboliques ?
Maintenant que ce tableau est connu, la CEI n’a plus qu’à ajuster les chiffres pour faire croire que ceux publiés par Abidjan.net n’avaient aucun lien avec la réalité, mais qu’Alassane Ouattara demeure le bel élu.
Ce scandale renforce la conviction que la CEI, comme bien d’autres institutions nationales, reste sous la tutelle du pouvoir en place. Dans ce contexte, le président Alassane Ouattara n’a même plus besoin de l’ouverture des bureaux de vote pour être proclamé élu par presque tous les inscrits sur la liste électorale. D’où le « Trop, c’est trop » de l’opposition.
Telles sont les pratiques d’un régime que soutient la France d’Emmanuel Macron. Les autres grandes nations gagneraient à ouvrir les yeux sur la situation ivoirienne, afin d’éviter que ne se répète l’histoire douloureuse d’un peuple qui aspire simplement à la justice et à la vérité des urnes.
Germain Séhoué































