Le samedi 7 juin 2025, au terrain de Petit-Bassam à Port-Bouët, Laurent Gbagbo s’est adressé à ses partisans dans un discours marqué par la colère et la détermination. Le point de départ de cette intervention : son exclusion de la liste électorale publiée par la Commission électorale indépendante (CEI), en vue de la présidentielle d’octobre 2025.
L’ancien président n’a pas mâché ses mots. S’indignant de ne pas voir son nom figurer sur la liste, tout comme ceux de Cheick Tidjane Thiam ou Guillaume Soro, Gbagbo dénonce cette exclusion. « Ils disent que je ne suis pas digne d’être candidat parce que j’ai volé », s’est-il indigné, avant de marteler : « Je ne suis pas un voleur».
Pour lui, cette exclusion constitue une attaque directe contre son honneur et celui de sa famille. Faisant référence à son engagement politique depuis ses 18 ans et à l’héritage de lutte transmis par son père et son grand-père, Gbagbo se pose en homme de combat : « Je sais recevoir des coups, mais je sais en donner. Surtout, je sais quand les donner. »
Le fondateur du PPA-CI (Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire) appelle ainsi à une mobilisation stratégique, refusant toute précipitation dans l’action. « Ce n’est pas comme ça qu’on se bat », lance-t-il à une foule qui réclame des mots d’ordre.
Son discours sonne comme une mise en garde face à ceux qu’il accuse de vouloir l’effacer du jeu politique ivoirien : « Trop, c’est trop ! Vous êtes en train d’aller trop loin. » Il avertit : la riposte viendra, au moment opportun, et elle sera ferme.
Laurent Gbagbo conclut sur une note grave mais résolue : « Vous venez trouver un fils authentique chez lui, et vous voulez le piétiner chez lui… ça ne peut pas se passer comme ça. »
Rosine Manso
DISCOURS DE LAURENT GBAGBO LE 7 JUIN 2025 À PORT-BOUËT TERRAIN DE PETIT BASSAM : « ils veulent qu’on se batte, on va se battre »
Aujourd’hui est un jour important à cause de ce que la CEI a fait. On a publié une liste sur laquelle il n’y a pas le nom Gbagbo Laurent. Est-ce que vous avez compris ça ? On a publié une liste sur laquelle il n’y a pas le nom de Cheick Tidjane Thiam, Soro Guillaume, etc. Est-ce que vous avez compris ça ?
Que moi, Gbagbo Laurent, je ne serais pas digne d’être candidat à la présidence de la République parce que j’ai volé. Est-ce que vous entendez ça ?
Parce que « braquer », c’est un mot brutal pour dire « voler ». Je ne suis pas un bandit, et ceux qui ont fait ça, savent que je ne suis pas un voleur.
Mais comme ils veulent qu’on se batte, on va se battre.
Ici, en Côte d’Ivoire, parmi tous ceux qui font la politique, moi Gbagbo, personne ne peut me traiter de voleur.
Je considère cela comme une insulte à ma personne, c’est une insulte à ma famille.
Mais ils veulent qu’on se batte, qu’ils sachent qu’on se battra !
Alors, les jeunes, vous criez : on veut un mot d’ordre, on veut un mot d’ordre… ce n’est pas comme ça qu’on se bat…
Aujourd’hui, j’ai 80 ans, et je me bats depuis que j’ai 18 ans. Et on ne m’a pas encore vaincu. Si je suis debout, c’est que je sais me battre. Je sais recevoir des coups, mais je sais en donner. Je sais surtout quand, il faut donner les coups. On ne donne pas les coups n’importe quand. Ils veulent qu’on se batte, on va se battre !
Je vais me battre pour mon honneur et je vais me battre pour la Côte d’Ivoire.
On est ici en Côte d’Ivoire, on se connaît. Il y en a qui parlent, qui parlent, ils passent de plateau de télévision en plateau de télévision et qui parlent, attention, attention ! vous êtes en train d’aller trop loin. Trop, c’est trop !
On m’appelle Gbagbo Laurent. Je ne sais pas s’ils sont au courant. Mon grand-père, Gbagbo politi est mort en se battant contre les Français qui rentraient à Gagnoa. Mon père Zépé Koudou, a fait la guerre en Normandie contre les armées de Hitler. Il a été blessé de guerre. Et le prénom Laurent que je porte, c’était le prénom de son commandant de compagnie pendant la guerre. Attention ! Vous êtes en train d’aller trop loin. Attention, on peut se tromper, mais il ne faut pas aller trop loin.
Des gens que j’ai ramenés à la vie, qui veulent me jeter au royaume de la mort. Est-ce que ça, c’est normal ?
Donc chers amis, considérez qu’ils veulent qu’on se batte, donc on se battra. Parce qu’on ne peut pas laisser ça comme ça.
Vous venez trouver un fils authentique chez lui, et vous voulez le piétiner chez lui… mais non, ça ne peut pas se passer comme ça….