Une stratégie de diversion bien rodée
Les régimes autoritaires ne gouvernent pas seulement par la répression. Ils utilisent aussi des stratagèmes plus subtils pour maintenir leur emprise. Parmi eux, la diversion occupe une place centrale. Des humoristes, des artistes, des intellectuels et certains journalistes deviennent des outils du pouvoir. Leur mission ? Détourner l’attention du peuple des véritables enjeux.
Une complicité active avec les pouvoirs

Ces figures publiques ne se contentent pas d’amuser la galerie. Lorsque des journalistes indépendants et des lanceurs d’alerte dénoncent des abus, elles interviennent pour décrédibiliser leurs propos. Elles relativisent la gravité des crises économiques, minimisent la corruption et tournent en ridicule ceux qui osent critiquer le régime. Par cette stratégie, elles empêchent la prise de conscience collective et légitiment l’exploitation des citoyens.
Les effets néfastes sur la société
Leur influence dépasse le simple cadre du divertissement. En normalisant l’injustice, elles conditionnent la population à l’acceptation passive des privations. Éducation en déclin, système de santé défaillant, politiques publiques trompeuses : autant de réalités maquillées par ces manipulateurs de l’opinion. Leur responsabilité est immense, car en entretenant l’aveuglement populaire, ils participent activement à la pérennisation d’un système destructeur.
Des exemples
Visitons quelques exemples. Sous la dictature de Mobutu Sese Seko, la télévision nationale diffusait en boucle des émissions de divertissement et des spectacles de musique. Pendant que le pays sombrait dans la misère, des artistes et humoristes encensaient le régime. L’émission Salongo glorifiait Mobutu, détournant l’attention des problèmes économiques et sociaux.
Au Venezuela, sous Chávez et Maduro, certains humoristes et présentateurs de talk-shows ont servi la propagande du régime. Ils ridiculisaient les opposants et minimisaient la crise économique et humanitaire. Pendant que la population souffrait de pénuries, ces figures médiatiques participaient à une campagne de désinformation massive.
Ce qu’a fait le cinéma sous Kim Jong-un ? En Corée du Nord, le régime finance des films glorifiant la dynastie Kim. Les acteurs et réalisateurs sont contraints de produire des œuvres exaltant le pouvoir. Pendant ce temps, la population subit des famines et des privations. Ces productions permettent de maintenir l’illusion d’une nation prospère et unie sous la direction du leader suprême.
Ces exemples montrent comment le divertissement peut être utilisé pour masquer l’oppression et empêcher la révolte.
L’histoire jugera
L’oubli n’existe pas dans l’histoire. Ceux qui choisissent aujourd’hui d’être les complices du mensonge en paieront le prix. Les dictatures s’effondrent toujours, et avec elles, ceux qui les ont servies. Quand viendra l’heure du bilan, ces artisans de la désinformation ne pourront nier leur rôle dans la soumission d’un peuple.
Germain Séhoué