Dans un discours percutant, de septembre 2021, mais d’une actualité assommante, le président libérien, George Weah souligne un lien crucial entre les coups d’État institutionnels et militaires en Afrique. Voici sa déclaration audacieuse, « Tant que la CEDEAO tolérera les coups d’États institutionnels qui permettent les présidences à vie, il y aura des coups d’États militaires ».
C’est un homme arrivé au pouvoir par les urnes qui parle ainsi. Cette déclaration invite à une profonde réflexion sur la situation. Le coup d’État au Niger du 26 juillet 2023 a ravivé ce débat brûlant.
L’histoire récente montre que les coups d’État institutionnels fragilisent les démocraties africaines. Ils créent un climat propice aux interventions militaires. On a l’exemple malheureux de la Guinée où le président Alpha Condé s’est offert contre vents et marées un troisième mandat et a été renversé par les militaires.
Les coups d’État institutionnels, qui altèrent les processus démocratiques pour prolonger les mandats présidentiels, créent un environnement politique tendu. La concentration du pouvoir et la persistance des dirigeants au-delà de leurs termes établis, génèrent des tensions, souvent à l’origine de mouvements militaires.
Le président George Weah, président d’un pays membre de la CEDEAO, le Libéria, a perçu cette difficulté et met la CEDEAO sous scrutin, sous une observation attentive et une évaluation minutieuse.
Certes, le pouvoir du président Mohamed Bazoum n’était pas issu d’un coup d’Etat, mais nous constatons que les militaires n’ont pas craint d’être désavoué par la CEDEAO et la Communauté internationale qui fait du deux poids deux mesures. Voilà donc le Niger qui peine. Et l’implication potentielle de membres issus de coups d’État institutionnel au sein de la CEDEAO complique davantage les efforts de résolution de la crise dans le pays d’Hamani Diori.
La CEDEAO, bien qu’active dans la prévention des crises politiques, doit faire face à des défis internes. Les divergences d’opinions et les alliances entre États membres rendent les actions décisives difficiles à coordonner. L’absence d’une approche unifiée permet aux coups d’État de prospérer.
En conclusion, les paroles percutantes de George Weah reflètent une réalité complexe : les coups d’État institutionnels alimentent le cycle des coups d’État militaires en Afrique. Les coups d’État institutionnels créent un environnement propice aux coups d’État militaires. Ils mettent en lumière les défis complexes auxquels la CEDEAO est confrontée. Pour surmonter ces défis, une approche collective et déterminée est nécessaire pour éradiquer cette menace persistante.
Germain Séhoué