Depuis plus de 70 ans, la création d’un État palestinien reste au cœur d’un conflit insoluble. Chacun des deux camps voit dans la solution de l’autre une menace vitale, rendant toute négociation fragile.
Pour Israël, l’idée d’un État palestinien suscite de profondes inquiétudes. L’expérience de Gaza, d’où Israël s’est retiré en 2005 avant de voir le Hamas prendre le contrôle, nourrit la crainte de voir un futur État devenir une base militaire hostile. De plus, Jérusalem, considérée comme la capitale « éternelle et indivisible » d’Israël, est au centre des tensions. Y céder une partie reviendrait à renoncer à un symbole fondateur. Enfin, la démographie joue un rôle clé : le retour éventuel de millions de réfugiés palestiniens bouleverserait l’équilibre identitaire d’Israël en menaçant son caractère juif.
Pour les Palestiniens, le refus d’Israël représente une négation de leur droit à l’autodétermination. Depuis 1967, ils vivent sous occupation, confrontés aux check-points, aux restrictions de circulation et à l’expansion continue des colonies. Ces dernières grignotent progressivement la Cisjordanie, morcelant un territoire déjà fragile. Sans un État souverain, les Palestiniens se sentent condamnés à un statut d’apatrides, privés de dignité et d’avenir. Jérusalem-Est, qu’ils revendiquent comme capitale, symbolise cette quête de reconnaissance et d’identité.
Le paradoxe est frappant : Israël rejette un État palestinien au nom de sa sécurité, tandis que les Palestiniens estiment que l’absence d’État alimente justement l’instabilité et la violence. Chacun s’appuie sur une mémoire historique douloureuse — la Shoah pour les Juifs, la Nakba de 1948 pour les Palestiniens — pour justifier sa position.
Le monde extérieur peine à dénouer ce blocage. Les États-Unis soutiennent fermement Israël, tandis que plusieurs pays arabes ont normalisé leurs relations avec Tel-Aviv sans exiger d’avancée sur la question palestinienne. Résultat : les Palestiniens se sentent abandonnés, et Israël renforcé.
Tant que chaque camp verra dans l’autre une menace existentielle, le rêve de deux États restera un horizon lointain.
Germain Sehoué































