𝙋𝙧𝙤𝙥𝙤𝙨 𝙡𝙞𝙢𝙞𝙣𝙖𝙞𝙧𝙚𝙨 𝙡𝙪𝙨 𝙥𝙖𝙧 𝙡𝙚 𝙋𝙧. 𝙏𝙊𝙐𝙏𝙊𝙐 𝙏𝙤𝙪𝙨𝙨𝙖𝙞𝙣𝙩, 𝙑𝙞𝙘𝙚-𝙥𝙧𝙚𝙨𝙞𝙙𝙚𝙣𝙩 𝙀𝙭é𝙘𝙪𝙩𝙞𝙛 𝙚𝙣 𝙘𝙝𝙖𝙧𝙜𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙋𝙤𝙡𝙞𝙩𝙞𝙦𝙪𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙨𝙖𝙣𝙩𝙚́
Mesdames et messieurs les membres de la haute direction du Parti,
Mesdames et messieurs les journalistes et hommes des médias,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais, au nom de son excellence le Président Laurent GBAGBO et de l’ensemble de la direction, des militantes et militants du PPA-CI remercier nos partenaires du monde des medias et de la communication pour leur intérêt de plus en plus croissant pour la Tribune du PPA-CI. Votre présence remarquable ce matin en constitue le plus grand témoignage. Merci de transmettre aux responsables de vos différentes maisons de presse. Merci de faire avancer la démocratie dans notre pays en facilitant l’exercice de la contradiction qui lui est substantielle.
Nous avons décidé, au PPA-CI, de jouer pleinement sans faiblesse notre rôle d’opposant en étant critique de l’action gouvernementale et en proposant des solutions alternatives crédibles qui nous préparent à l’exercice du pouvoir d’Etat. La Tribune du PPA-CI a été créé à cette fin. Dans un précédent numéro de la tribune, nous avons relevé les faiblesses le PND 2023-2025. Les prochains numéros seront consacrés à l’analyse critique de la feuille de route du gouvernement 2023.
A ce propos, le rendez-vous de ce jour va consister essentiellement à donner le point de vue du PPA-CI sur des éléments concernant la politique de santé du gouvernement, dans ce qui a été appelé la « feuille de route du gouvernement 2023 ».
Ainsi nous analyserons successivement :
𝟭) 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲 𝗵𝗼𝘀𝗽𝗶𝘁𝗮𝗹𝗶𝗲𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗹𝗼𝗶 𝟮𝟬𝟭𝟵-𝟲𝟳𝟴 𝗱𝘂 𝟮𝟯 𝗷𝘂𝗶𝗹𝗹𝗲𝘁 𝟮𝟬𝟭𝟵 assortie des décrets
-2021-465 portant organisation du Ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la Couverture médicale,
2021-756 portant attribution, organisation et fonctionnement des établissements publics hospitaliers nationaux
- 2021-757 portant attribution, organisation et fonctionnement des établissements publics hospitaliers régionaux. Cette réforme a toutes les allures d’une privatisation de la santé.
𝟮) 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗴𝗿𝗮𝗺𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝘁𝗿𝘂𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗿𝗲𝗵𝗮𝗯𝗶𝗹𝗶𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗲𝘁 𝗱’𝗲𝗾𝘂𝗶𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱’𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗶𝗻𝗾𝘂𝗮𝗻𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗱’𝗲𝘁𝗮𝗯𝗹𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗵𝗼𝘀𝗽𝗶𝘁𝗮𝗹𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝘀𝗶𝘅 𝗰𝗲𝗻𝘁 (𝟲𝟬𝟬) 𝗰𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗮𝗻𝘁𝗲. Pour le PPA-CI, ce programme présente de nombreuses insuffisances.
𝟯) 𝗹𝗮 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝟴𝟬 𝗺𝗲𝗱𝗲𝗰𝗶𝗻𝘀 𝗴𝗲𝗻𝗲𝗿𝗮𝗹𝗶𝘀𝘁𝗲𝘀, 𝗮 𝗹𝗮 𝗰𝗵𝗶𝗿𝘂𝗿𝗴𝗶𝗲 « 𝗲𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝘀𝗶𝘁𝗲𝘀»telle que demandée aux districts sanitaires par le Directeur de la coordination du programme de la santé Mère-enfant. Le PPA-CI s’interroge sur la pertinence d’une telle proposition
𝗜- 𝗟𝗔 𝗥𝗘𝗙𝗢𝗥𝗠𝗘 𝗛𝗢𝗦𝗣𝗜𝗧𝗔𝗟𝗜𝗘𝗥𝗘
La loi n° 2019-678 du 23 juillet 2019 est le cadre juridique qui encadre cette réforme hospitalière.
Une réforme est un ensemble d’activités devant induire un changement structurant des modes de fonctionnement et de gouvernance des hôpitaux. Son but est d’améliorer la performance, l’efficacité, l’efficience et l’équité du système hospitalier qui doit garder sa mission sociale.
En effet, toute organisation qui fonctionne se dote de moyens d’évaluation, afin d’apprécier les résultats pour lesquelles elle a été mise en place. Dans le cas d’espèce, cette réforme succède à celle de 2001. Pour explication, une première réforme avait été faite en 2001 par feu le Pr N’dori ministre de la santé de SEM Laurent Gbagbo. Cette réforme ne concernait, dans un premier temps, que les hôpitaux de niveau notamment les CHU qui sont la vitrine du système de soins. Elle proposait un changement de gouvernance dans l’administration des hôpitaux. L’administrations financière des CHU à cette époque posait de nombreux problèmes. A défaut de personnel qualifié à cette fin, la gestion des hôpitaux faisait l’objet de plusieurs expériences. A quelques exceptions près, les Administrateurs des services hospitaliers, formés d’abord à Rennes puis à l’ENA de Côte d’Ivoire n’assuraient pas la totalité des besoins en personnel qualifié pour diriger les hôpitaux. C’est pour l’on a assisté à cette période à ce que l’on pourrait appeler la « valse des directeurs » avec l’ère des militaires suivie de l’ère des préfets. L’affaire dite des « 18 milliards de l’UE détournés » va mettre à nue les faiblesses de ces expériences managériales.
C’est la raison pour laquelle la réforme 2001 mettait le médecin traitant au centre des décisions en le nommant Directeur Général (article 10) et Directeur Médical et scientifique après lui avoir fait apprendre les rudiments de la gestion administrative (6 mois d’études et de stage au CAMPC). En outre une Commission Médicale d’Établissement (CME) et un Directeur des Soins Infirmiers (DSI) accompagnaient la DMS et la CME pour la planification, la conception du Projet d’Établissement, ainsi que pour la planification de la Formation Continue. Dans cette réforme, si le DG restait l’ordonnateur, le contrôle de l’état se faisait par un contrôleur budgétaire et un Directeur Administratif et Financier, 2 fonctionnaires du Ministère de l’économie et des finances.
Au total cette réforme, en donnant une place prépondérante au médecin soignant par rapport au financier (qui par déformation professionnelle résume tout en gain), voulait d’abord privilégier le bien-être du patient par rapport aux résultats purement économiques, dans la droite ligne de la politique socialiste prônée par l’ex FPI de SEM Laurent Gbagbo. En effet qui mieux que le médecin traitant peut prétendre connaître et/ou comprendre les problèmes physiques, psychiques et environnementaux de son patient ?
A ce stade de notre propos les questionnements suivants se posent à nous : Cette réforme de 2001 avait-elle péché dans sa gouvernance ? Cette réforme de 2001 n’avait-elle pas atteint les objectifs attendus ?
Les réponses à ces préoccupations sont d’autant plus importantes qu’elles peuvent permettre de comprendre ou non la pertinence de la mise en route d’une nouvelle réforme.
1) la réforme de 2001 a-t-elle péché dans sa gouvernance ?
Nous pouvons répondre non car le mode de gestion dans l’organigramme de la nouvelle réforme portée par la loi 2019-678 du 23/07/2019, ne diffère pas de celui du décret de 2001 en dehors de l’article n° 71 qui stipule maintenant que le Directeur est nommé après appel à candidature (ce qui ouvre la candidature à tous financier, médecin ou pas).
Toutes les entités dirigeantes : le Directeur général, le Directeur Médical et scientifique ou encore la Direction des soins infirmiers sont maintenues. Le système de gestion n’a pas changé non plus
2) la réforme de 2001 n’avait-elle pas atteint ses objectifs ? À savoir la réactivité des établissements dans la prise en charge des affections courantes et l’offre de service de qualité et de la modernisation du service public.
A cette question notre réponse est mitigée parce que à la vérité si les prestations de soins étaient de si mauvaise qualité dans nos centres hospitaliers de type II et III l’explication venait en grande partie des conséquences de la rébellion armée.
a) en zone CNO
Pendant la rébellion et la période post-rébellion immédiate, toutes les infrastructures administratives et sanitaires ont subi beaucoup de dégâts. La vérité est qu’elles ont été vandalisées, le matériel de construction abîmé, arraché ; les équipements volés.Les ressources humaines ont fui leurs postes pour préserver leurs vies et celles de leurs familles. Il n’y avait pratiquement plus de structures sanitaires en dehors des ONG.
b) en zone gouvernementale
On peut facilement comprendre que la réforme n’a pas eu les résultats escomptés en terme de service de qualité parce que le déplacement des populations des zones occupées par la rébellion vers les zones gouvernementales a bouleversé toutes les prévisions en terme de prise en charge des malades. La demande dans cette zone s’est trouvée plus grande que l’offre. Malgré cela, la réforme de 2011 a permis d’amortir le choc né du déséquilibre entre ka demande et l’offre dans un contexte difficile. L’état de guerre a eu également pour conséquence de retarder le programme d’investissement qui devrait soutenir la réforme de 2001.
Plus de 12 ans après la prise du pouvoir par le RHDP, n’a pas pu élaborer une politique pour juguler les conséquences de sa rébellion au niveau sanitaire. Nous en voulons pour preuves les différents chiffres donnés par le rapport annuel sur la situation sanitaire (RASS 2020,éd 2021) :
Or :
- en 2019 seuls 45 % des districts sanitaires avaient un ratio au-dessus de la norme concernant les ESPC.
- 30% des populations sont à plus de 5 km des centres de santé
-647 décès/1000 accouchements, des mortalités infanto-juvéniles, et néonatales respectivement élevées à 79/1000 et 30/1000. L’un des taux les plus élevés d’Afrique.
-une espérance de vie autour de 54 ans :l’une des plus faibles d’Afrique
-en 2020 aucune région sanitaire n’avait atteint la norme exigée de 23 personnels de santé toute qualification confondue/10 000 hts. La densité nationale reste très basse, autour de 9.
Si ces évènements cités précédemment n’avaient pas existé, il aurait été facile de juger objectivement la performance de la réforme 2001. Hors ces évènements ont été réels et ont impacté la performance de cette réforme.
Au total on peut retenir sur ces 2 questions, que la gouvernance n’était pas en cause et que la performance avait été impactée par des évènements imprévus. Donc nous nous posons la question de savoir pourquoi une réforme d’une telle envergure qui, d’un tenant touche à toutes les structures hospitalières qu’elles soient universitaire, régionales ou privées ?
Le PPA-CI se demande, comment un pays qui a à la fois un indice de développement aussi mauvais (classé 165e sur 169 pays) que ses indicateurs de santé (181e sur 195 pays classés), ne peut-il pas comprendre que la priorité pour ses populations c’est :
-l’accès facile aux soins de santé
-l’accès facile aux médicaments de 1ère nécessité
-un environnement et une hygiène de vie satisfaisants
-vivre avec une ration alimentation suffisante et équilibrée quotidienne.
Le PPA-CI se demande si nos gouvernants vivent dans un autre monde? Ou si le bien-être du peuple n’est pas le premier de leur soucis? Le PPA-CI dénonce ce manque d’égards des gouvernants envers les populations. Sinon comment comprendre cette réforme hospitalière d’envergure à la fois sur le public et le privé au détriment de mesures simples, urgentes qui consistent à équiper progressivement et de manière planifiée les nombreuses structures sanitaires des districts en manque de personnel, de laboratoire de microbiologie, d’imagerie et même d’ambulances; avant de penser à une réforme hospitalière qui si elle était faite, devra être progressive .
Le RASS 2020 éd 2021 est clair à ce sujet. On note
-96 services d’imagerie (SI) sont répertoriés sur le territoire national pour les établissements publics soit un ratio de 1 SI/339 148 hts avec les pires ratios dans le Tonkpi, le Nawa et Abidjan.
-seuls 40 % des districts sanitaires ont atteint la norme d’1 médecin/ 10 000 hts.
-1 bloc opératoire fonctionnel pour 218 624 hts
-1 laboratoire de microbiologie/110 680 hts.
-1 ambulance pour environ 4 établissements sanitaires
-de nombreux districts sanitaires de taille n’ont ni bloc, ni service d’imagerie ni laboratoire pour fonctionner de manière adéquate et continuent d’évacuer les malades qui auraient pu être traité sur place à condition que les parents en aient les moyens. Ce sont Korhogo2, Botro, Transsua, Tehini, Doropo etc.
A l’analyse de ces renseignements donnés par les services du gouvernement lui même, point n’est besoin d’être un spécialiste de la planification pour situer les vraies priorités du système sanitaire Ivoirien. Ces priorités ne sont pas d’entreprendre maintenant, illico presto, une réforme sur les hôpitaux généraux et nationaux mais d’améliorer d’abord les piliers du système à savoir:
-la gouvernance
-les infrastructures et l’organisation des soins
-le stockage et le circuit des médicaments
-le système d’information médicale
-la recherche médicale.
-le système d’assurance et de sécurité sociale.
Ailleurs, concernant cette réforme le PPA-CI s’interroge sur certains articles, en particulier les n° 30, 31, de la section 10 et le 49 concernant la coopération inter-hospitalière.
Article n° 30: l’EPH conclue avec des EHP qui participent ou non au service public, des accords pour 1 ou plusieurs objectifs leur permettant d’améliorer la qualité de leur prestations.
Article n°31: dans le cadre des missions qui lui sont imparties, l’EPH peut participer à des actions de coopération inter-hospitalière nationale ou internationale avec les personnes morales de droit public ou privé.
Article n° 49: l’EHP peut être admis à assurer l’exécution du service public hospitalier par une convention de délégation. Les modalités d’exécution du service public hospitalier sont définies par décret.
De tout temps la coopération a existé dans notre pays et elle se faisait entre les ministères concernés des pays en particulier les ministères de la santé, de l’enseignement supérieur. C’est cette coopération entre états qui a fait ses preuves et qui à permis l’excellente formation de la plupart des cadres du pays.
Le PPA-CI s’interroge, puisque la coopération entre états a toujours bien fonctionné depuis les indépendances. À quoi obéit ce nouveau type de coopération avec des structures privées internationales?
Est-ce pour laisser la gestion des hôpitaux publics progressivement aux mains d’entités privées? Est-ce pour qu’à moyen, ou long terme, l’état se désengage de la gestion des hôpitaux publics? Ce qui ne rendrait plus le droit à la santé équitable pour tous, étant entendu qu’un privé n’a jamais été un mécène et que la recherche du bénéfice est son objectif principal.
Si c’était l’objectif inavoué de cette réforme, nous tenons à rappeler aux gouvernants actuels que la constitution de 2016 dispose en ses articles 9 « toute personne a droit à l’éducation, à la formation professionnelle. Toute personne a également droit à un accès aux services de santé » et 32 «l’état s’engage à garantir les besoins spécifiques des personnes vulnérables. Il prend des mesures nécessaires pour prévenir la vulnérabilité des enfants, des femmes, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Il s’engage pour ces personnes à garantir l’accès aux services de santé, l’éducation, à l’emploi à la culture ; au sport et aux loisirs ».
-En vertu des dispositions de la constitution, le PPA-CI ne saurait tolérer cette énième mesure de privatisation qui s’annonce à l’horizon, dans un secteur clé comme celui de la santé.
-Il dénonce la violation du droit à la santé que cette réforme dans ses articles n° 30, 31, et 49 peut entraîner à terme pour les Ivoiriens.
-Il reste solidaire des organisations de la santé qui à l’annonce de la réforme s’étaient posé la question de savoir s’il ne s’agissait pas d’une privatisation qui ne dit pas son nom.
Enfin le PPA-CI propose:
1) de redresser de manière prioritaire et urgente les piliers du système sanitaire que le RHDP a construit lamentablement depuis 21 ans, faisant avouer récemment à son 1er responsable de la santé que le système était à l’agonie. Ces piliers essentiels sont nous le répétons:
-la gouvernance
-les infrastructures et l’organisation des soins
-le stockage et le circuit des médicaments
-le système d’information médicale
-la recherche médicale.
-le système d’assurance et de sécurité sociale.
2) de retirer les articles 30, 31, 49 dans la réforme.
3) de n’effectuer aucune réforme des hôpitaux privilégiant l’apport de partenaires privés au détriment des prérogatives régaliennes de l’état.
𝗜𝗜- 𝗟𝗘 𝗣𝗥𝗢𝗚𝗥𝗔𝗠𝗠𝗘 𝗗𝗘 𝗖𝗢𝗡𝗦𝗧𝗥𝗨𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗥𝗘𝗛𝗔𝗕𝗜𝗟𝗜𝗧𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗘𝗧 𝗘𝗤𝗨𝗜𝗣𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧 𝗗’𝗨𝗡𝗘 𝗖𝗜𝗡𝗤𝗨𝗔𝗡𝗧𝗔𝗜𝗡𝗘 𝗗’𝗘𝗧𝗔𝗕𝗟𝗜𝗦𝗦𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧𝗦 𝗛𝗢𝗦𝗣𝗜𝗧𝗔𝗟𝗜𝗘𝗥𝗦 𝗘𝗧 𝟲𝟬𝟬 𝗘𝗧𝗔𝗕𝗟𝗜𝗦𝗦𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧𝗦 𝗦𝗔𝗡𝗜𝗧𝗔𝗜𝗥𝗘𝗦
Depuis 2019 les gouvernements successifs du Président Ouattara annoncent un vaste programme de construction, réhabilitation et d’équipement d’une 50aine d’établissements hospitaliers et de 600 établissements sanitaires. Cette annonce, faite la 1ère fois par feu le 1er ministre Coulibaly Gon lors de la pose de la 1ère pierre du CHR d’Aboisso, a suivi son cours jusqu’en 2022 avec la livraison de l’hôpital général de Danané et du CHR de Man par l’actuel 1er ministre Achi Patrick.
Ce programme prévoyait dans la foulée, la construction d’une vingtaine d’hôpitaux modernes : 9 sur l’ensemble du territoire et 3 hôpitaux militaires à Bouaké, Daloa et Korhogo. Il prévoyait aussi, un renforcement de l’offre de santé dans le Sud Comoé avec la construction du plus grand centre de radiothérapie, d’oncologie médicale d’Afrique de l’Ouest. Ce programme avait été évalué à minima à 800 milliards de francs.
4 ans après le lancement du vaste programme quel bilan peut-on faire? En attendant que les registres des différents services soient accessibles, on peut se faire une idée du bilan d’activité d’une structure de soins quel que soit son niveau d’importance en utilisant la méthodologie du questionnaire, assez facile à réaliser sur le terrain. On pose des questions simples aux usagers et aux ressources humaines des différentes structures et on leur demande de répondre par l’affirmative, par la négative ou l’ignorance. Par exemple:
-les populations après la joie des premiers instants de l’inauguration, ont-elles plus facilement accès aux soins?
-les prestations de soins se sont-elles améliorées ? Par le rapport du nombre de références.
-les urgences sont-elles prises en charge avec plus de célérité?
-qu’est devenue la charge de travail du personnel ressource?
A partir de cette méthodologie de travail, nous avons voulu chers amis des médias que nous apprécions ensemble la situation dans les 4 CHR construits les plus récemment. Il s’agit des CHR d’Aboisso, d’Adzopé, de Yamoussoukro et de Man.
A) Le CHR d’Aboisso:
Construit sur une superficie de 10 ha, avec une capacité à plein régime de 198 lits. Il s’agit d’une structure hospitalière qui à l’ouverture avait été équipé de la plupart des services d’un hôpital moderne.
Après 1 an de mise en fonction, le constat est le suivant :
-certaines explorations médicales ne peuvent se pratiquer, cas de l’endoscopie,
-l’imagerie avec le Scanner qui faisait la fierté de ceux qui avaient ouvert le centre est en panne depuis environ 3 mois maintenant.
-le personnel médical et paramédical est en sous effectif. En effet dans des structures de niveau II et/ou III, pour que la charge de travail soit moins contraignante il est bon de respecter ou de s’approcher de la règle d’1 infirmier/ 4 à 6 lits d’hospitalisation au risque de démotiver rapidement les agents.
B) Le CHR d’Adzopé:
Depuis son ouverture le 08 avril 2022, fonctionne en sous régime à cause de la pénurie d’effectif, la section chirurgie n’arrive pas à s’occuper de la plupart des cas, toujours à cause du sous effectif. Malgré une capacité de 150 lits en plein régime.
C) Le CHR de Yamoussoukro:
Bâti sur une surface de 2,25 ha depuis janvier 2015. Situé au cœur de la capitale politique, est dépassé dans sa capacité de fonctionnement. Pour preuve l’accident de la voie publique qui a eu lieu le jeudi 5 janvier 2023 à Yamoussoukro avec environ 70 victimes dont 14 morts des suites immédiates de l’accident sans compter les différents cas d’handicapés engendrés.
Le CHR ayant montré ses insuffisances, c’est l’hôpital Moscati et les hôpitaux de Bouaké qui ont accueilli la majorité des victimes.
D) Le CHR de Man:
Livré depuis le 22 décembre 2022, démarre progressivement service après service à cause du manque de personnel. Mais on peut déjà deviner que dans un futur proche, certains services comme le service de réanimation (6 lits) seront vite dépassés.
Pour 2023, le gouvernement prévoit la construction de 2 CHU supplémentaires, l’un à Abobo et l’autre à Korhogo pour des coûts cumulés de 160 milliards et prévoit la construction du plus «grand» centre de radiothérapie et d’oncologie médicale d’Afrique de l’ouest, estimé à 82 milliards.
Le PPA-CI se demande qu’est ce qui fait tant courir le gouvernement?
Tant de grands projets qui se télescopent. Alors que le minimum d’évaluation de ces projets finis et livrés permet, même au non spécialiste de se rendre compte que:
-il y a d’énormes insuffisances dans la gestion de ces centres, insuffisances dues à l’imprévoyance des dirigeants et c’est pourquoi le PPA-CI fait sien l’adage «gouverner c’est prévoir.»
-les personnes ressources n’avaient pas été programmées en nombre suffisant pour ces structures
-la maintenance pour le plateau technique fait défaut sinon comment comprendre que le scanner soit en panne depuis 3 mois à Aboisso après seulement 1an d’ouverture.
Qu’est ce qui fait donc tant courir le gouvernement?
Est-ce réellement le bien-être du peuple? Le PPA-CI peut en douter légitimement car si tel était l’objectif, pourquoi continuer à doter le seul Abidjan de CHU, Pourquoi construire un autre centre de radiothérapie et d’oncologie médicale (le centre A Ouattara étant à Cocody), à Grand Bassam devenue une banlieue d’Abidjan? Pourquoi concentrer la plupart des grandes œuvres à Abidjan seulement? On peut penser avec un brin d’ironie que, pour ce gouvernement le district d’Abidjan résume la Côte d’Ivoire. Pourquoi s’obstiner à faire une sorte de «course au projets» comme si le portefeuille de l’état était intarissable? Nous sommes si je ne m’abuse autour de 22 000 milliards de francs de dettes(pour la plupart) étrangères.
C’est à se demander s’il n’y a pas «un plan commun» pour la dette!!!!!.
Le PPA-CI pour sa part, pense que:
-toutes les populations autochtones et allogènes résidant sur le territoire Ivoirien, ont le même droit à une santé de qualité, qu’elles soient résidentes d’Abidjan ou pas. C’est la raison pour laquelle SEM Laurent GBAGBO dès sa prise du pouvoir en 2000, avait fait voter la loi n°2001-636 du 09 octobre 2001 en faveur de l’AMU dont nous voyons depuis 2019 la mise en place d’une pâle copie.
-10 grandes régions sanitaires calquées sur 10 régions administratives devraient permettre une meilleure gouvernance sanitaire de notre pays avec un accès plus facile aux soins de bonne qualité.
Enfin le PPA-CI exhorte le gouvernement à adopter la méthodologie sacro-sainte qui a fait ses preuves de tout temps depuis l’institution des projets : on projette, on réalise concrètement le projet, on supervise, puis on évalue le projet avant toute décision future. C’est le moyen le plus sûr de contrôler ses finances dixit les financiers.
𝗜𝗜𝗜- 𝗟𝗔 𝗙𝗢𝗥𝗠𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗣𝗥𝗘́𝗖𝗜𝗣𝗜𝗧𝗘́𝗘 𝗗𝗘 𝟴𝟬 𝗠𝗘́𝗗𝗘𝗖𝗜𝗡𝗦 𝗚𝗘́𝗡𝗘́𝗥𝗔𝗟𝗜𝗦𝗧𝗘𝗦 𝗔̀ 𝗟𝗔 𝗖𝗛𝗜𝗥𝗨𝗥𝗚𝗜𝗘 𝗘𝗦𝗦𝗘𝗡𝗧𝗜𝗘𝗟𝗟𝗘
Cette partie de notre exposé est la partie la plus technique car elle concerne l’aspect médical. J’ai été agréablement surpris de la « levée de boucliers » que la demande du directeur coordinateur du secteur Mère-enfant a suscité dans les différents milieux politiques mon parti le PPA-CI en tête comme toujours pour revendiquer lorsqu’il y a atteinte aux droits de l’homme, et aussi dans le milieu médical.
De quoi s’agit-il?
En conformité avec sa feuille de route 2023 le gouvernement à prévu le renforcement des capacités de 80 médecins généralistes afin de les former à la chirurgie essentielle. La note ne précise pas plus la raison de cette décision ni la destination de ces 80 médecins au terme de leur formation.
Une note de ce type, pose 2 problèmes:
-le problème de la formation académique des médecins spécialistes qui débouche sur
-le problème de la qualité des soins à proposer aux Ivoiriens.
Avant de donner la position de notre parti le PPA-CI, vous permettrez amis de la presse que je revienne brièvement sur le cursus des médecins et spécialistes en dehors des médecins universitaires.
1) la formation académique
L’étudiant ne devient médecin qu’après s’être inscrit dans une des 2 Ufrs des sciences médicales du pays. Il va valider les 6 années (Licence, maîtrise) et les années de doctorat qui lui permettent de soutenir une thèse d’exercice. Son parcours sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur s’achève là dans un 1er temps.
Médecin il entre en fonction sous la tutelle du ministère de la santé.
S’il souhaite approfondir ses connaissances médicales dans une discipline médicale donnée alors il retourne à l’Ufr au ministère de l’enseignement supérieur pour étudier la spécialité.
A ce niveau il est important de savoir que la Côte d’Ivoire, membre de la CEDEAO, est membre de fait de L’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) et elle y participe au haut niveau par le ministre de la santé. Tout cela pour faire comprendre que notre pays est lié par des accords, en particulier en matière de formation des médecins avec les autres pays membres de la CEDEAO.
Cet accord a consisté en une harmonisation des curricula de formation des spécialistes en médecine. Autrement dit, tous les spécialistes en médecine de nos pays sont formés dans les Ufrs selon le même programme de cours comprenant le même nombre d’heures de cours théoriques, de stages cliniques validant sur 4 ans après le titre de docteur en médecine. Le tout couronné par un mémoire de fin de cycle.
De ce qui précède, on constate que le spécialiste en médecine ne peut se décréter (quoique le décret fusse considéré comme divin, un temps donné), encore moins être nommé par une quelconque autorité administrative.
2) la qualité des soins proposée aux Ivoiriens
Nous permet d’entamer le débat parce qu’on peut comprendre que les autorités administratives puissent ne pas maîtriser la formation du spécialiste. Dans ce cas c’est aux enseignants de l’Ufr des sciences médicales, aux responsables des sociétés savantes, aux syndicats des médecins, voire au conseil de l’ordre, de clarifier, d’apporter des rectifications pour faire respecter les règles de formation et d’exercice du métier en vue de l’obtention de soins de qualité.
Nous avons été heureux dans un premier temps, de constater que la SOGOCI et certains enseignants de l’Ufr des sciences médicales se soient impliqués dans le projet depuis 6 mois dixit le rapport de la SOGOCI et je cite:
Chers confrères, sur instruction du Pr Boni, je voudrais donner la vision de notre société savante….. Nous travaillons depuis plus de 6 mois sur le projet d’appui au renforcement aux RH pour l’offre des soins obstétricaux 2023-2025……. Ce projet se décline en 3 axes
-renforcement permanent en RH
-sélection des médecins généralistes à former sur stimulateurs pendant 2 mois avant le déploiement sur sites,
-supervisions mensuelles
-intégration après 1 à 2 ans du diplôme de spécialiste avec facilitation pour le Probatoire et les frais d’inscription.
De plus la SOGOCI ne s’arrête pas là. Elle continue en apportant pratiquement son soutien au ministère. Il ne s’agit pas de faire une formation au rabais pour réaliser une césarienne ,mais d’une formation de qualité en soins obstétricaux et néo-nataux d’urgence. Cette déclaration est à l’opposé de la note du ministère. En qui croire?
Pour le PPA-CI cette déclaration d’une société savante de renommé comme la SOGOCI, couplée du mutisme du syndicat des médecins et de l’ordre, ne fait que conforter l’idée de l’instrumentation, la caporalisation des syndicats et organisations civiles depuis l’avènement brutal de ce régime.
Le PPA-CI, adepte de la démocratie, se tiendra toujours aux côtés d’eux pour la défense des droits, dans le cas d’espèce celui d’une santé de qualité pour les populations de Côte d’Ivoire.
Le PPA-CI ne cautionnera donc en aucun cas une formation qui met en jeu la vie des populations de Côte d’Ivoire. Il dit non et non à ce type de formation parallèle.
Mesdames et messieurs les journalistes, les défaillances techniques ci-dessus relevée au niveau de la politique sanitaire illustre le paradigme invariable de la politique du régime actuel qui se manifeste par deux constantes :
- Il s’agit de faire des annonces fortes pour très peu de résultats ;
- Abandonné l’existant pour créer le même juste pour donner l’impression que la Côte d’Ivoire n’a commencé à exister qu’à compter du 11 avril 2011. Même les œuvres du Président dont ils se déclarent héritier sont abandonnés.
Dans la réalité, il faut voir dans l’approche politique du RHDP, un régime en manque de légitimité. Ainsi, le déficit de légitimité les conduit à s’autocélébrer. C’est pourquoi alors que les hôpitaux existant présentent des plateaux techniques très peu performants, l’on créé des structures qui souffrent dès leur mise en œuvre des défaillances de l’existant. C’est la politique à la gloire d’une seule personne alors que c’est nous tous, les générations présentes et les générations futures qui auront à en supporter le coût.
C’est pourquoi le PPA-CI ne peut se taire sur cette politique hasardeuse et dangereuse. Nous la dénoncerons toujours dans l’intérêt du peuple.
Merci beaucoup pour votre aimable attention.
𝗦𝗘𝗥𝗩𝗜𝗖𝗘 𝗖𝗢𝗠𝗠𝗨𝗡𝗜𝗖𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗣𝗣𝗔-𝗖𝗜