Lors du Comité central du PPA-CI samedi 26 avril 2025, le président Laurent Gbagbo a réalisé que les militants n’attendent que son mot d’ordre pour descendre dans rue. Mais il leur a répondu en substance que « nous irons dans la rue, mais pas au moment où l’adversaire nous y attend avec un gourdin ».

Cette petite phrase qu’il a répétée en riant, est un concentré d’enseignement stratégique. Laurent Gbagbo ne veut pas céder la provocation. Mais il sait choisir l’instant opportun. À travers son appel au calme, il enseigne que la victoire appartient non aux plus bruyants, mais aux plus patients et lucides. Sa position éclaire une philosophie politique. Pour lui, chaque mouvement doit surprendre, éviter l’usure et déjouer la brutalité adverse.

L’adversaire attend avec un morceau de bois, un gourdin, dans la rue. Le morceau de bois ou le gourdin est le symbole de violence, de brutalité et de répression. C’est pourquoi, le président du PPA-CI invite à l’intelligence stratégique.
Pour certains, Laurent Gbagbo a « reculé » ou « mouillé » par peur, comme s’il leur avait donné rendez-vous.
Eviter de descendre dans la rue quand l’adversaire est prêt à frapper, n’est-ce pas l’art de choisir son terrain et son moment ? Si. Ici, trois piliers éclairent la démarche : la maîtrise du temps, l’économie des forces et la surprise. Ne pas céder à la provocation ? Cela permet de conserver l’initiative et d’éviter les pertes inutiles. Laurent Gbagbo admet l’action démocratique de la rue.

En même temps, il régule l’impulsivité militante. Et le Chef de plaider : Laissons leur encore du temps… Dites-leur d’arranger le pays… » Gbagbo freine la fougue militante. Objectif ? Sûrement transformer cette réaction émotionnelle en un acte politique mûri. C’est une approche des grandes traditions des luttes d’émancipation. Lutte de la souveraineté où la patience est une arme aussi puissante que la colère.
Agir au moment favorable plutôt que subir est l’essence même du combat d’usure et de la résistance victorieuse. La rue est minée, piégée. Mais des Ivoiriens veulent y aller parce que « trop, c’est trop ». Publiquement, Gbagbo oppose la stratégie à la brutalité du gourdin.
Germain Séhoué