À l’occasion de son interview télévisée du 22 mars, Emmanuel Macron a de nouveau appelé à l’élargissement de son camp politique afin de pouvoir trouver des majorités à l’Assemblée nationale. Un discours surtout adressé à la droite. Le chef de l’État garde toutefois sa porte ouverte à la gauche, sans grande conviction. (RFI)
Premier problème pour Emmanuel Macron : il n’y a plus grand monde à aller chercher à gauche. Le camp présidentiel « est allé sonder le ban et l’arrière-ban chez nous lors des élections l’an passé », rappelle un cadre du Parti socialiste, « et personne ne l’a rejoint, aucune chance que cela change dans le contexte actuel ».
L’immense impopularité de la réforme des retraites refroidit en effet ceux qui pourraient être tentés par un maroquin ministériel ou par la perspective de pouvoir faire passer des projets de loi à l’Assemblée.
La gauche réfractaire à la Nupes garde ainsi prudemment ses distances. « Nous ne sommes pas intéressés à rejoindre un projet politique de droite », cingle une proche de Carole Delga. Qui note toutefois que le ton de l’Élysée s’est réchauffé récemment envers la présidente socialiste des régions de France. Une preuve de faiblesse plutôt que d’ouverture car selon elle : « Emmanuel Macron est aux abois. »
La menace d’un rétrécissement se profile
Et tout d’abord dans l’électorat du chef de l’État. Selon un sondage Elabe BFM TV, un électeur sur cinq d’Emmanuel Macron lors du premier tour de la présidentielle regrette son choix. « Ce sont des Français de centre-gauche qu’il avait conquis en 2017 », juge un député de la Nupes. Et la perspective de « ramener au bercail » ces électeurs attise les convoitises. Notamment celles de Carole Delga ainsi que de l’ancien Premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve. Tous deux sont convaincus qu’une victoire de la gauche à la présidentielle 2027 passera par une offre politique plus centriste que la Nupes, qu’ils se verraient bien incarner.
La Nupes aussi lorgne les déçus du macronisme
Les législatives 2022 ont déjà été l’occasion de quelques prises de guerre comme les ex-députés La République en marche, Aurélien Taché et Hubert Julien Laferrière, venus gonfler les rangs écologistes. Le Parti socialiste vient aussi d’intégrer dans sa direction une ancienne figure de l’aile gauche de la macronie, Émilie Cariou. Les retours sont toutefois rares, mais la porte reste ouverte. Car du PS aux Verts en passant par LFI, c’est une évidence : l’appel à l’élargissement d’Emmanuel Macron était de pure forme, pour entretenir l’illusion que son projet politique dispose encore d’une jambe gauche.