En raison de la crise économique mondiale actuelle, émanant de la crise énergétique qui sévit de partout depuis quelques semetres, les pays entreprennent de subventionner, à leur libre discrétion, mais dans l’intérêt majeur de leurs populations, certains produits de grande consommation dits produits de référence grand public.
Les carburants sont à cet effet concernés et ce, du fait avéré de leur importance inéluctable pour la motricité des économies nationales.
Plus qu’une denrée de consommation, l’on convient de reconnaître qu’ils représentent une véritable ligne de vie économique. Sans carburant en effet, la vie économique s’arrête assurément, à commencer par le secteur du transport qui impactera immédiatement les autres activités commerciales, industrielles, énergétiques, etc.
C’est la raison pour laquelle, l’on n’ose même pas s’imaginer d’en être à court et œuvrons tous pour en disposer en quantité nécessaire et suffisante à toutes fins utiles.
Au gré de certaines vicissitudes et contraintes conjoncturelles, ou rien qu’en réponse triviale à la loi de l’offre et de la demande, le prix du carburant varie d’un pays à un autre et est bien l’objet de hausse y compris même dans les pays producteurs de pétrole et gaz.
A première vue, cela pourrait paraître paradoxal d’être un pays producteur et être tout autant impacté par la hausse des prix du carburant sur son territoire national.
A y voir de près cependant, cela apparaît tout à fait normal d’ailleurs car ce n’est pas le pétrole brut qui est directement livré et servi en bout de chaîne à la pompe des stations services comme sus notifié. C’est du pétrole « raffiné » et donc du pétrole « traité » conformément aux spécifications et normes en vigueur.
Après la production qui consiste à extraire la matière pétro-gazière brute des gisements, il faut bien en effet la stabiliser, la débarrasser des polluants, la raffiner ensuite pour la transformer enfin en des produits finis directement consommables.
Et pour ce faire, la pléthore d’intrants chimiques importés par les raffineries pétrolières et autres sites pétrochimiques a nécessairement une incidence sur le coût marginal et le coût final des carburants.
Ainsi, être un pays producteur de pétrole et gaz fait certes gagner de l’argent, surtout en ce moment où la vente du brut est dans une bonne conjoncture qui est financièrement très favorable et lucrative pour les producteurs.
Mais pour les besoins d’importation des intrants requis pour les opérations de raffinage qui permettront de fabriquer l’essence, le gasoil, le pétrole lampant, etc. tous les pays sont logés à la même enseigne : ils faut importer au prix du marché international.
Fussent-ils pays producteur ou pas, chacun d’eux s’approvisionne en intrants chimiques sur lesdites places de marché internationales et subit pour ce faire donc la mauvaise conjoncture actuelle caractérisée par la cherté de presque tout.
Par stratégie, chaque pays producteur pétro-gazier établit une péréquation idoine pour apprécier à quelle hauteur la rente tirée de la vente de l’or noir brut issue des gisements pourrait l’aider à disposer d’une cagnotte utile pour s’approvisionner en intrants chimiques destinés aux activités du raffinage.
D’autre part, le coût de plus en plus élevé de l’énergie électrique utilisé par les raffineries est aussi une facture additionnelle à ne surtout pas négliger.
Techniquement parlant donc, être un pays producteur de pétrole et gaz n’absout nullement pas de subir la hausse des prix des carburants à la pompe sauf si, en particulier et de manière exceptionnelle, tous les intrants impliqués dans la formulation desdits carburants sont fabriqués en local par les raffineurs eux-mêmes. Ce qui ne peut être forcément le cas car la vocation d’une raffinerie pétrolière n’est pas de fabriquer elle-même ses intrants.
L’on peut alors aisément comprendre qu’un pays grand producteur de pétrole brut puisse par exemple être en crise d’électricité. Cela est beaucoup plus l’apanage de pays producteurs ayant du pétrole en abondance mais pas un service public de distribution d’énergie électrique attrayant.
Dans ce cas in fine, la population qui a pris l’habitude de s’alimenter elle même par les groupes électrogènes par exemple n’arrivera plus à payer le prix affiché pour les carburants nécessaires à l’alimentation desdits groupes.
Fort heureusement, la Côte d’Ivoire fait preuve d’une résilience électrique remarquable et ne connaît pas ces scenarii de déficience structurelle de son secteur électrique.
Face donc à cette crise d’envergure mondiale qui nous impacte tous, et sans exception au demeurant, il revient d’inviter chacun de nous à continuer à observer un comportement citoyen et demeurer en bonne compréhension de ce que la mauvaise conjoncture actuelle n’est nullement l’apanage d’un pays donné.
Elle est de source exogène et s’impose à nous.
Serge Parfait Dioman
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies