J’ai écouté le chef de l’Etat Alassane Ouattara. J’ai lu son discours à la Nation du 6 août 2022 à la faveur du 62e anniversaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire. J’ai vu et reniflé avec sourire les miettes qu’il a balancées aux Ivoiriens.
Mais je cherche encore. Car, je ne vois pas les réponses au Dialogue politique. Ce Dialogue avec tant de bruit et d’espoir. Ce pour quoi l’Opposition, dans son entièreté, s’est agglutinée autour d’Adama Bictogo, candidat du RHDP, pour son élection à la présidence de l’Assemblée nationale. Je n’ai rien vu.
Ce qui a coûté aux présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié le meilleur de leurs sourires, pour l’image du président Alassane Ouattara, le jeudi 14 juillet 2022, au palais présidentiel, à Abidjan.
Ce jour-là, pour les caméras du monde, l’on a vu le président Alassane Ouattara bondir, tour à tour, sur la main du mythique Laurent Gbagbo et du monument Henri Konan Bédié, comme des trophées. Il triomphait.
A la fin, la montagne n’a même pas pu s’offrir une souris. Mais, peut-être un ver de terre. Là où l’amnistie était attendue pour Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara n’a donné qu’une grâce présidentielle. Ce, avec une arrière-pensée malheureuse : écarter un adversaire.
Le dégel de ses comptes et le paiement de ses arriérés de rentes viagères brandis comme effort, ne sont que ses droits que Laurent Gbagbo ne voulait même pas négocier.
Le chef de l’Etat accorde « la libération conditionnelle au vice-Amiral Vagba FAUSSIGNAUX et au Commandant Jean-Noël ABEHI, condamnés pour des infractions liées à la crise postélectorale de 2010 ». Mais, pourquoi « libération conditionnelle » ? Pourquoi ?
Et pourquoi seulement ces deux militaires ? Tous les prisonniers militaires de la crise postélectorale de 2010 étant incarcérés pour les mêmes causes, pourquoi alors libérer seulement deux et ignorer les autres ? Est-ce cela, la décrispation attendue dans la balance aux efforts d’ouverture de l’Opposition ?
Ouattara a parlé. Mais on peut dire que l’Opposition ivoirienne a été flouée, une fois encore.
Moi, je ne suis pas surpris. Je l’avais déjà écrit. Les politiques font leur politique, pariant sur la bonne foi des gens. Nous, journalistes, bonne foi, d’accord mais, on observe surtout la trajectoire du personnage et sa psychologie. On peut se tromper, et ce serait heureux !
C’est pourquoi, Alassane Ouattara que moi, je connais depuis 1991, ne fera pas le miracle attendu par la Côte d’Ivoire. Tant qu’il en aura la possibilité, il mènera en bateau l’Opposition, qui pourrait y perdre son âme. Que Dieu nous offre le contraire.
Germain Séhoué