C’était le vendredi 8 avril 2022 à Duékoué, au meeting compassion de laurent Gbagbo pour le peuple Wê. Le discours du député explique comment le peuple Wê a souffert des différentes crises. Un document précieux.
« Excellence Monsieur le Président Laurent GBAGBO,
Monsieur le Président Exécutif du PPA-CI,
Messieurs et Mesdames membres de la délégation présidentielle,
Messieurs les Chefs Coutumiers, garant de nos traditions,
Honorables Chefs Religieux,
Chers Camarades Militants, Militantes, Sympathisants et Sympathisantes du PPA-CI et des Partis alliés,
Messieurs et Mesdames Agents de la sécurité,
Tous à vos rangs, grades et qualités, je vous salue avec déférence.
Monsieur le Président, je prends la parole avec honneur et profond respect devant vous pour m’adresser à vous, au nom des populations de Bangolo.
L’idéal serait, Monsieur le Président de vous recevoir à Bangolo, mais à l’impossible nul n’est tenu. C’est à Duékoué que nous vous recevons.
Les ressortissants de Bangolo sont là. Ils sont venus des neufs (09) Sous-préfectures, dont cinq (05) sont votre création et des vingt (20) Communes, dont dix-neuf (19) non encore fonctionnelles sont votre création, vous saluer et manifester leur joie de vous retrouver.
Président, Asrin, Asrin, Dao, Dao.
A Bangolo, nous avons toujours cru à votre retour.
Nous vous avons attendu. Et vous voici parmi nous. Qui l’eut cru ?
En effet, le 29 Novembre 2011, jour de votre déportation à la Haye, qu’est-ce que nous n’avons pas entendu de ceux d’en face, nos ennemis.
En résumé de leurs railleries, moqueries et autres quolibets, c’est selon eux, quand on va à la CPI, on ne revient pas. Mais vous voilà devant vos frères et sœurs en chair et en os.
Nous rendons gloire à Dieu qui a veillé sur vous et permis votre retour en Côte d’Ivoire.
Certes le temps qui vous est imparti est cours, mais permettez Monsieur le Président que j’évoque en quelques lignes :
- Le pacte qui vous lie à Bnagolo depuis 1990 ;
- Le prix payé par Bangolo pour son engagement ;
- Notre état d’esprit au moment où nous vous recevons.
Du pacte qui lie Bangolo à votre personne
A Bangolo, vous avez eu des affinités avec certaines personnes. Et je cite : FAHE Jean, VRINHOU Joseph, TAHO Aimé (Les premiers qui ont implanté le FPI), GUEI Boa René (Votre Père spirituel), DOUE Rose (Maman GBAGBO), la seule femme venue de Bangolo au Congrès de 1990 et enfin celui que vous appelez affectueusement, notre seul blanc, DOUE Guéî Jacques.
Vous aurez aimé les voir en ce jour de joie parmi nous, mais le destin a décidé autrement. Encore merci Monsieur le Président d’avoir fortement contribué à l’organisation de leurs différents obsèques.
Nous n’oublions pas le doyen DAO Beonao Bonno, membre influent du PDCI-RDA, qui pour annoncer son engagement à vos côtés disait et je cite : « Désormais un seul coq va chanter à Bangolo ». Merci pour tout ce que vous avez fait pour ses obsèques.
Au plan politique, dès l’aube du multipartisme, Bangolo a porté son choix sur vous. A la Présidentielle d’Octobre 1990, face à feu Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, Bangolo vous a accordé 67% des suffrages exprimés.
Aux Législatives de 2001, Bangolo a donné deux (02) sièges de Député au FPI dont YRO Félix, paix à son âme et ZEREHOUE Edouard, l’actuel Vice-président du PPA-CI ici présent. Et se fermait ainsi la malheureuse parenthèse de GUEHI Robert à la Présidentielle d’Octobre 2000.
En Mars 2021, malgré notre longue absence aux élections locales et nationales et en alliance avec le PDCI-RDA, mon Collègue DOHO Simon ici présent et moi avons raflé les deux (02) sièges de Députés.
L’amour de Bangolo à votre personne et à votre politique s’explique aussi par votre attachement à la démocratie. Vous êtes le Père du multipartisme en Côte d’Ivoire, un homme de parole et d’action, vous êtes un vrai garçon, en Wê, GNEMAHOU et en Bété WOODY.
Le peuple Wê comme vous, est un peuple démocrate, un peuple de paix, de justice, un peuple fidèle à son choix, qui aime partager et un peuple de vérité. Mais tout engagement a un prix !
Du prix payé pour notre engagement.
Nous le savons, Monsieur le Président, dans la vie, tout engagement a un prix à payer. C’est la loi de la causalité. Le peuple Wê en général et celui de Bangolo en particulier n’y ont pas échappé. S’agissant singulièrement de Bangolo, en 2003, cent (100) ressortissants du Canton Zibiao ont été massacrés en cours de route en allant se réfugier à Duékoué en son temps appelé zone loyaliste. Dans le village de Béoué-Zibiao, vingt-sept (27) jeunes ont été égorgés en une journée. A Gouégui (Village de DOUE Guéî Jacques), sept (07) personnes ont été ligotées et brûlées vives. A Dah, dans la nuit du mois de Mars 2003, quarante-deux (42) personnes ont été massacrées, dont deux (02) enfants de Maman GBAGBO DJINHIN Plo Colette, paix à son âme.
Beaucoup de nos ressortissants, fuyants leurs villages, ont été assassinés après contrôle de leur identité. Leur péché est dêtre Wê et d’être partisan de GBAGBO.
En 2011, certains de nos ressortissants réfugiés à Duékoué ont été tués à Nahibly, Carrefour et au quartier TOH Guéï (Ou quartier Guéré).
En 2020, dans le cadre de la désobéissance civile, vingt-huit (28) de nos enfants ont été faits prisonniers durant huit (08) mois. Certains sont parmi nous pour vous accueillir.
Aujourd’hui encore, nous continuons de payer le prix de notre engagement à votre personne et à votre politique.
Nos villages sont défigurés, méconnaissables.
Les populations sont multipliées par mille (1000). Une colonie de peuplement s’y installe. A Bangolo, tous les occupants d’alors de la forêt classée du Mont Péko, originaires de la sous-région, ont été malicieusement déversés dans nos villages. Le pouvoir en place a mis en œuvre une véritable politique de dépossession de nos terres. L’administration territoriale, judiciaire, sécuritaire, tous sont mis en mission avec pour slogan « La terre à tous, sauf aux Wê ». L’objectif visé par le pouvoir Monsieur le Président est clair :
D’abord remplacer à la longue le peuple Wê par de nouveaux producteurs du binôme café-cacao venus d’ailleurs (Premier objectif) ;
Ensuite déposséder totalement le peuple Wê de sa terre ;
Enfin, faire disparaître le peuple Wê (3ème et dernier objectif.
Face à ce péril en la demeure qui est réel et imminent, Monsieur le Président, dans quel état d’esprit sommes-nous à Bangolo ?
De l’état d’esprit des populations de Bangolo.
Deux (02) sagesses et deux (02) exemples authentiques bien de chez nous traduisent sans ambages notre état d’esprit.
Le poisson ne finit jamais dans l’eau. Cette sagesse nous invite à la résistance et à la combativité.
L’eau n’entraîne nulle part la pierre. Elle n’enlève que le sable autour d’elle. Celle-ci traduit notre fidélité légendaire. Nous sommes avec vous, Monsieur le Président pour aller jusqu’au bout.
Le Camarade DIEHI Joseph, Secrétaire Général de Section de Diedrou dans le Canton Zarabaon, ayant appris la nouvelle de votre arrestation le 11 Avril 2011, s’est effondré sur le champ et est mort.
Un autre Camarade, GBANABO TEHE Victor, originaire de Grand-Pin et résidant dans le village de Gouégui ici parmi nous, le 29 Novembre 2011, jour de votre transfèrement, s’est volontairement mis en prison dans son campement qu’il a baptisé CPI. Il y est resté dix (10) ans durant jusqu’à votre retour dans votre pays le 17 Juin 2021. C’est toute la population de Bangolo comme lui Monsieur le Président, qui était en prison à ciel ouvert.
Ces deux (02) exemples, Monsieur le Président illustrent la détermination, la ténacité et la fermeté des populations de Bangolo. Nous ne reculerons pas quelle que soit l’adversité.
Nous peuple Wê, nous ne sommes pas maso. Nous n’accepterons jamais le mariage de notre Mère avec celui qui a tué notre Père.
Vous êtes l’homme de la situation. On vous attend en 2025 pour la libération totale de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique toute entière avec le PPA-CI.
Vive le PPA-CI !
Vive le Président Laurent GBAGBO, pour que vive la Côte d’Ivoire !
Je vous remercie !
Je vous remercie ! »