Le moins que mérite Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, ancien président français, c’est la prison à vie. Pas moins que cela ! « Laurent Gbagbo avait remporté les élections de 2010, pas Ouattara ». Nous, Ivoiriens, le savions déjà, mais qui voulait nous écouter ? Cependant, après les révélations de l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, homme de main de l’Élysée, consignées dans son livre « Ils savent que je sais tout. Ma vie en Françafrique » (éditions Max Milo), co-écrit avec Frédéric Lejeal, et après ses aveux télévisés sur France 24 concernant la Françafrique, c’est-à-dire la mainmise de la France sur ses anciennes colonies, il est clair que Nicolas Sarkozy doit être poursuivi.
Nicolas Sarkozy a détruit la Côte d’Ivoire, mais il ne partage pas les mêmes remords que son ami Robert Bourgi, qui a confessé, dans des regrets déchirants : « Quand Laurent est tombé et qu’il a été conduit à la Cour pénale internationale, j’en ai énormément souffert, tant personnellement qu’au sein de ma famille. Je me sentais complice d’une trahison, mais j’ai lutté contre cela. Les derniers moments de la présidence de Gbagbo, je les ai vécus aux côtés de Nicolas Sarkozy. Les choses étaient compliquées ».
Bourgi détaille la cruauté de l’ex-président français contre la stabilité de la Côte d’Ivoire : « Les élections avaient lieu… Laurent avait gagné, nous (la France) le savions, tout comme Jean Ping avait gagné à Libreville en 2016. Le Conseil constitutionnel avait déclaré Laurent Gbagbo vainqueur ». Mais Nicolas Sarkozy se moque de la démocratie lorsqu’il s’agit de l’Afrique, comme en témoigne Robert Bourgi : « Sarkozy m’a fait venir à l’Élysée et m’a dit : « Il faut que tu dises à ton ami Gbagbo de partir. Il aura le statut d’ancien chef d’État, 30 millions de francs CFA, une voiture, des escortes, et s’il le souhaite, un poste d’enseignant d’histoire pour voyager dans le monde ». Il m’a fait appeler Gbagbo depuis le bureau de Claude Guéant ».
Quelqu’un remporte des élections honnêtement, mais un président étranger, fût-il d’une ancienne puissance coloniale, exige qu’il abandonne sa victoire en échange de compensations matérielles. Dans quel pays européen ou occidental cela serait-il toléré ? Alors pourquoi organiser des élections ?
Face à cette folie parisienne, Robert Bourgi relate la réaction de Laurent Gbagbo : « J’ai appelé Gbagbo. Son aide de camp me l’a passé. Gbagbo m’a dit : « Bob, comment vas-tu ? ». J’ai répondu : « Laurent, cela fait des années que l’on se connaît, je te transmets un message du président Sarkozy… ». Il m’a interrompu : « Dis à ton ami Sarkozy que je serai son Mugabe ». Puis il a raccroché ».
Comme Gbagbo, légitime vainqueur de l’élection, refusait de céder, Sarkozy a menacé de le « vitrifier », c’est-à-dire de l’anéantir. Bourgi témoigne : « Je l’ai rapporté à Sarkozy. Il a bondi de son fauteuil et a crié : « Puisque c’est ainsi, je vais le vitrifier ! » », sous prétexte qu’il en a un mandat. Quelques jours plus tard, Gbagbo était arrêté et transféré à La Haye.
Ces révélations confirment ce que de nombreux Africains dénoncent : le mépris de la France pour la démocratie en Afrique. C’est l’Élysée qui alimente le sentiment anti-français, pas les Africains eux-mêmes. Nicolas Sarkozy doit être poursuivi.
Comment un homme politique comme Nicolas Sarkozy peut-il être aussi cruel ? Aujourd’hui, il est clair, à la lumière de ce témoignage, que Sarkozy est responsable des milliers de morts durant la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. On ne parle pas de 3 000 victimes, mais de plusieurs milliers.
Pour tous les drames humains, économiques, culturels et sociaux qui ont frappé la Côte d’Ivoire sous le régime du RHDP, Nicolas Sarkozy doit être poursuivi. Il est le seul responsable de ces exils, ces expropriations, ces morts et cette instabilité. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont souffert inutilement en prison à la CPI pendant des années. Gbagbo a même vu sa santé se détériorer à cause de Nicolas Sarkozy.
Aujourd’hui, la question centrale de cette crise électorale — « Qui a gagné ? » — a trouvé sa réponse : c’était Laurent Gbagbo, pas Alassane Ouattara. Maintenant, que fait-on pour réparer cette injustice ? Que fait-on pour éteindre l’arrogance de ceux que Sarkozy a installés au pouvoir pour ses propres intérêts ? Il est temps d’agir. Nicolas Sarkozy doit être poursuivi pour crimes contre l’humanité et pour avoir détruit la démocratie en Côte d’Ivoire. Mais au-delà de cela, que fait-on ?
Robert Bourgi a été ébranlé par sa conscience et a fait ses aveux. Laurent Gbagbo avait gagné. Nous le savions, mais ce témoignage, écrit dans un livre et proclamé sur France 24, donne un poids particulier à ce drame provoqué par Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi, il doit être poursuivi.
Germain Séhoué