C’était ce jeudi 18 avril 2024, la 24e édition de la Tribune du PPA-CI, au siège du Parti de Laurent Gbagbo à la Riviera 3. Le ministre Justin Katinan KONE, président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI, a mis en évidence les dessous des vols ayant secoué les banques ivoiriennes après la crise de 2011.
Les dépositions des dirigeants bancaires, dont celle de M. Hyacinthe Kouakou OKOU, directeur général adjoint de la CNCE, pointent du doigt les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) comme responsables des pillages, démentant ainsi toute implication directe du Président Laurent GBAGBO ou de son gouvernement.
« – Procureur de la République : « dites-nous votre part de connaissance des faits de pillage de l’agence centrale de la CNCE du plateau »
– Monsieur OKOU : « Notre banque a fonctionné normalement jusqu’au 31 mars 2011 exceptées nos agences d’Abobo et d’Anyama. La nuit du mardi 19 avril 2011 au 20 mercredi 20 avril 2011, les dirigeants de la CNCE ont été informés que l’agence centrale de notre banque était entrain d’être pillée par des personnes en armes. La situation de crise empêchait quiconque d’aller sur les lieux. Le lendemain, un huissier a été commis pour aller constater les faits. Une fois sur les lieux, les dirigeants de la banque ont remarqué la présence de deux militaires de FRCI sur les lieux. Ces derniers ont refusé l’accès à la banque aux responsables et aux travailleurs de la banque pour défaut d’autorisation de la part de leur hiérarchie (des deux militaires). Toutes nos tentatives pour avoir cette autorisation ont échoué. Tout le personnel de la banque est resté dehors de 8h du matin à 17 h. Selon les dires de monsieur Ouattara Mory, l’un des gardiens de la banque, présent lors de l’attaque dont les propos ont été recueillis par l’huissier que nous avons commis, le véhicule qui transportait les braqueurs était une Mitsubishi 4X4 immatriculée 6391 EP 01. A l’intérieur du véhicule se trouvaient des hommes lourdement armés portant des tenues militaires. Selon les propos recueillis par l’huissier, les nuits du 20 et 21 avril à 19 h, des personnes portant des tenues militaires sont venues en renfort des deux autres militaires qui étaient postés devant la banque pour casser le caveau de la banque après avoir attaché les gardiens de la banque. Après le vol, ils ont kidnappé les gardiens et ont menacé de les tuer avant de les relâcher aux premières heures du 21 avril 2011. Je voudrais indiquer que selon l’huissier, le constat n’a pas pu être fait le 21 Avril parce que les FRCI présents sur les lieux refusaient tout accès à la banque. Durant ce pillage à main armée notre banque a perdu 2.326.167 353 ».
Le procureur : « Où avez eu les fonds pour payer les salaires des fonctionnaires du mois de février 2011 ? ».
- OKOU : « Les fonds utilisés pour le payement des salaires à la fin du mois de février provenaient du Trésor et le montant total était de 7.394.097.613. Cette opération s’est faite comme à l’accoutumée. Notre compte à la BCEAO a été crédité par le Trésor de l’Etat pour le payement des salaires ».
Procureur : « Tous les fonctionnaires ont-ils été payés ? »
Okou : « oui. Tous les fonctionnaires dont les comptes sont logés à la CNCE ont été entièrement payés »
Procureur : « Durant la crise, votre banque a-t-elle été obligée de faire des dons à des personnes ».
Okou : « non pas du tout ».
Un verdict controversé
Pourtant, malgré l’absence de preuves impliquant le gouvernement précédent (Aké Mgbo), des condamnations ont été prononcées. Ce qui soulève des questions sur l’équité des jugements et suscite des débats sur les motivations politiques derrière ces décisions.
La documentation de Koné Katinan révèle que les fonds utilisés pour payer les salaires provenaient du Trésor, et que tous les fonctionnaires ont été payés intégralement. Ainsi, le préjudice allégué par l’État semble remis en question. Réalité qui remet également en cause la légitimité des demandes de dommages et intérêts colossaux contre l’ancien président Laurent Gbagbo.
En clair, le président du CSP, Koné Katinan, manifeste les dessous politiques des pillages post-crise en Côte d’Ivoire. Il remet en question les répercussions judiciaires et financières qui ont suivi. Il soulève des interrogations sur l’équité des jugements et la nécessité de ne considérer que l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) qui a ordonné la réinscription du nom de Laurent Gbagbo sur la liste électorale.
Germain Séhoué