« • Gbagbo non seulement sera candidat, mais il va triompher »
Gohitafla, 380 kilomètres d’Abidjan, vendredi 11 juillet 2025. C’est dans une ambiance de liesse quasi mystique que Hubert Oulaye, 2ème vice-président du PPA-CI, a été accueilli à Gohitafla, au cœur de la région de la Marahoué, ce week-end. Là où se croisent traditions, engagement politique et désillusion sociale, le décor était planté pour une communion populaire à forte portée symbolique. Rien n’a été laissé au hasard. Dès l’entrée de la délégation, la ville s’est levée. Les tambours, en rythme ancestral, ont réveillé les rues de Gohitafla. Place publique du marché, le Zaouli, ce masque emblématique du peuple Gouro, a exécuté ses pas rapides et raffinés, dans une symbiose parfaite avec les percussions. Énigmatique et majestueux, il a ouvert le chemin pour l’accueil triomphal du représentant de Laurent Gbagbo. À chaque déhanché du masque, des cris de joie fusaient. C’était plus qu’une chorégraphie. Un rite de passage, une reconnaissance, une manière de dire que celui qui arrive est des leurs. Dans l’assistance, les cris des femmes rivalisaient avec les slogans des jeunes : « Gbagbo Président ! », « Trop c’est trop ! », « Gohitafla vote Gbagbo ! ». Un slogan peint sur une banderole accrochée à l’entrée de la place publique résumait tout : « Le peuple Gouro est prêt, qu’on nous laisse voter ! » Si Gohitafla a sorti ses plus beaux pagnes, ses parures et ses danses, c’est parce que ce jour-là, il s’agissait aussi de montrer la diversité de son engagement. Outre les autochtones Gouro, les communautés Wê et Dan étaient massivement présentes, en habits traditionnels, coiffes relevées, visages peints de cauris, comme pour dire : « Ce combat, c’est aussi le nôtre ». Ce brassage culturel, cette transversalité générationnelle donnaient à l’événement des airs de pré-campagne nationale. On y croisait des jeunes en tee-shirts du mouvement “Trop c’est trop”, des anciens assis sous les bâches, le regard tourné vers la scène, des mères arborant fièrement leurs pagnes PPA-CI. Même les enfants dansaient aux sons de la fanfare locale. La disposition était soignée. Sous un ciel très ensoleillé, les bâches disposées entouraient une scène sobre mais symbolique. Puis vient le moment tant attendu de cette journée. La prise de parole du 2ème Vice-président du PPA-CI.

Le parrainage comme défi citoyen et acte de résistance politique
C’est dans une atmosphère chargée d’émotions et d’engagement que Hubert Oulaye, 2e vice-président du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a galvanisé la population de Gohitafla autour d’une question capitale : le parrainage citoyen. Son discours n’avait rien d’anodin. Il était une véritable interpellation de conscience, un appel à la résistance et à l’action face à ce qu’il a qualifié de stratégie d’exclusion orchestrée par le pouvoir en place. « Aujourd’hui, demain, après-demain, Gbagbo est candidat. Gbagbo va participer aux élections. Gbagbo va gagner », a-t-il déclaré d’emblée, déclenchant une ovation générale. Mais au-delà de l’enthousiasme populaire, le message était clair : l’accès au pouvoir passe désormais par un dispositif institutionnalisé, le parrainage citoyen, que les adversaires politiques de Laurent Gbagbo ont tenté d’utiliser comme une barrière supplémentaire. « Ceux qui veulent empêcher sa candidature ont inventé un véritable braquage pour le retirer de la liste électorale », a-t-il accusé. Et pourtant, malgré les embûches, les rumeurs, les intimidations et les appels à l’abstention, les militants du PPA-CI ont maintenu le cap. Ils ont assisté aux formations sur le parrainage, ils ont réclamé leurs kits, et ils les ont obtenus. Hubert Oulaye a raconté les nombreuses tentatives de manipulation visant à dissuader le camp Gbagbo. Sur les plateaux télévisés, certains affirmaient que le parrainage « ne concernait pas » le PPA-CI. Puis ce fut le silence administratif, l’obstruction logistique, les rumeurs de blocage institutionnel. Mais la détermination des militants a fini par payer. « Finalement, nous avons reçu nos kits. Et maintenant, des émissaires viendront vers vous pour recueillir vos parrainages », a-t-il annoncé, rendant tangible un processus que d’aucuns voulaient inatteignable. Dans son intervention, il a exposé le rôle vital que joue le parrainage dans la présente configuration électorale. Cette exigence, présentée comme une simple formalité administrative, est en réalité devenue un instrument politique aux mains du pouvoir. En conditionnant la candidature à l’obtention d’un nombre donné de parrainages issus de régions distinctes, les autorités ont introduit une sélection à la fois géographique et politique. Mais pour Oulaye, cette contrainte peut être retournée en force populaire : « Tu donnes ton nom. Tu signes. Et puis, on le prend. On compte. Si on fait ça dans toutes les régions et qu’on atteint le nombre requis, cela prouve que c’est un candidat valable. On valide sa candidature, et il part aux élections ». Le vice-président dénonce alors l’hypocrisie de la CEI, « Commission électorale dite indépendante, qui ne l’est pas », selon ses termes. Cette institution aurait refusé dans un premier temps de remettre les fiches de parrainage au Président Laurent Gbagbo au motif qu’il n’est pas inscrit sur la liste électorale. « Ils ont voulu tout bloquer dès maintenant », a-t-il révélé. Puis, face à la pression, « ils ont cédé », tout en maintenant un « débat ». La réponse du PPA-CI fut cinglante : « Donnez seulement ! » Le parrainage devient alors un symbole de souveraineté populaire. Ce n’est plus seulement un outil de validation administrative, c’est un acte de résistance. C’est la manière pour chaque citoyen de dire : « Nous savons ce que nous voulons. Et nous savons qui nous voulons. » Car derrière la mobilisation autour du nom de Laurent Gbagbo, se cache la défense d’une vision, d’une histoire, d’une identité politique. En multipliant les obstacles, en changeant sans cesse les règles, en soufflant le chaud et le froid, le pouvoir a peut-être sous-estimé la capacité de mobilisation du peuple ivoirien. « Si vous êtes derrière Gbagbo, si vous dites clairement que vous voulez qu’il soit candidat, ils ne pourront rien faire », a déclaré Oulaye. Et de poursuivre : « Ils savent que s’il n’est pas candidat, il n’y aura pas d’élection. Point ». Le parrainage devient une motion de confiance en la personne de Laurent Gbagbo, mais aussi un plébiscite anticipé contre un système que beaucoup jugent à bout de souffle. La lutte pour le parrainage est donc la première bataille de cette présidentielle. Elle est silencieuse, mais décisive. Discrète, mais explosive. Pour Hubert Oulaye, l’enjeu ne se limite pas à valider une candidature. Il s’agit de redonner au peuple son droit de choisir librement. C’est pour cela qu’il a appelé les militants, sympathisants, et tous les citoyens à accorder massivement leurs parrainages à Laurent Gbagbo. « Le Président Gbagbo m’a chargé de venir vous parler. Il m’a demandé de vous rassurer : il sera candidat. Il est prêt ». Un message de confiance, de fermeté et de mobilisation nationale.
Gbagbo, l’homme des planteurs et des laissés-pour-compte
Dans un second volet de son allocution, Hubert Oulaye a replongé les habitants de Gohitafla dans une mémoire collective fortement ancrée : celle de l’époque où Laurent Gbagbo présidait aux destinées de la Côte d’Ivoire. À ses yeux, cette période fut synonyme d’un mieux-être pour les planteurs, d’un équilibre social plus respectueux des classes populaires, et d’une vision économique tournée vers le partage. « Quand Gbagbo était au pouvoir, les planteurs avaient le sourire. Le cacao, c’était 1 000 francs. L’hévéa aussi, 1 000 francs », a-t-il rappelé. Une époque où, selon lui, les paysans récoltaient les fruits de leur labeur, où les politiques agricoles n’étaient pas orientées vers l’appauvrissement organisé des campagnes. « Aujourd’hui, tu fais ta plantation et tu te demandes : “À quoi ça sert ?” », a-t-il lâché, amer. En dénonçant la gestion actuelle des cultures vivrières et d’exportation, Oulaye a pointé l’inaction du régime face à la précarité croissante des zones rurales. L’anacarde, nouvel eldorado promu par les autorités, peine à nourrir ses producteurs. « On a planté. Mais vous n’achetez pas ! Vous payez à des prix dérisoires, et ensuite vous exportez à l’étranger pour vous faire de l’argent. Ça doit cesser », a-t-il tranché. Face à cette accumulation de frustrations, le PPA-CI brandit une bannière : celle du mouvement « Trop c’est trop ». Né d’une exaspération collective, ce mot d’ordre résume la douleur sociale d’un peuple qui se sent trahi, méprisé, marginalisé. Oulaye l’a décliné comme un refrain populaire : « Tu dors sans avoir mangé à midi, et on vient casser ta maison. Trop c’est trop. Tu as fait des études, obtenu des diplômes, et il n’y a pas de travail. Trop c’est trop. Tu veux manifester, on t’arrête et on t’enferme. Trop c’est trop ». Ce n’est plus, selon lui, une simple revendication partisane. C’est un cri de survie, un appel à la dignité, un refus collectif du mépris. Et c’est parce que le pays brûle que Laurent Gbagbo, tel le pompier que le régime refuse d’appeler, doit revenir.
Ancrage local, symboles et promesses d’avenir
La clôture du discours fut marquée par un hommage vibrant aux populations Gouro, peuple enraciné dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, et à l’hospitalité des chefs traditionnels de Gohitafla. Hubert Oulaye, dans une forme d’autocritique, a reconnu n’avoir jamais pris le temps de s’arrêter à Gohitafla, malgré sa proximité géographique avec Kounahiri. Il a salué l’initiative de Djè Vincent et des fédéraux du PPA-CI qui ont permis cette rencontre historique. Par des exemples concrets, il a voulu montrer que les Gouro ne sont pas des oubliés dans l’histoire du PPA-CI. Il a cité Kouakou Firmin, son regretté frère et ancien Directeur de cabinet adjoint, Djè Bi Irié Maximin, ancien DG de l’ENA, ou encore le juge Guéhi Fé, natif de Zuenoula et ex-DG du Travail. Ce rappel visait à renforcer les liens d’affection entre le parti et la communauté locale. Mais plus encore, Oulaye a placé cette visite sous le signe du sacré. Rappelant la cérémonie de libation organisée par les chefs, il a évoqué une prophétie partagée par eux : « Vous avez dit que Laurent Gbagbo sera président. Et je vous le dis : ce que vous avez proclamé, Dieu va l’accomplir ». Il a promis de rapporter fidèlement ce message au Président Gbagbo, en lui disant que « non seulement ils ont fini leur parrainage, mais ils ont déjà voté ». Pour conclure, Hubert Oulaye a relié la symbolique locale aux enjeux nationaux. Si Gbagbo revient, a-t-il affirmé, ce n’est pas pour revendiquer un passé, mais pour achever une mission. Et ce ne sera possible que si chaque citoyen, dans chaque village, dans chaque famille, comprend que son parrainage, son bulletin de vote, est une étincelle de changement.
Avant le Vice-président Hubert Oulaye Marc-Arthur, le Fédéral Boualou Henri, fédéral de Gohitafla et Président du Comité d’Organisation, a pris la parole : « Nous sommes à un moment crucial : le parrainage. Vous êtes la voie officielle pour éclairer la lanterne des populations. Bientôt le bien prendra la place du mal, le meilleur du pire avec le retour du Président Laurent Gbagbo au pouvoir en octobre 2025. » Après lui, Djè Vincent, ancien député de Gohitafla et porte-parole des cadres, a enflammé la foule : « La nouvelle natte se fait à partir de l’ancienne. Nous sommes anciens dans cette lutte. Et nous continuons de nous battre, tous ensemble. Merci pour la mobilisation. Je peux vous assurer que le Président Laurent Gbagbo sera bel et bien candidat. Venez adhérer à “Trop c’est trop”. On sait combien de fois vos sacs d’anacarde ne s’achètent plus. La vie est chère. » Cette parole, puisée dans la sagesse populaire, a fait mouche. Des applaudissements nourris ont accueilli son appel. Ici, à Gohitafla, la politique ne se dit pas en langue étrangère. Elle se vit en proverbes, en images, en regards. Et surtout, en présence. Les chefs traditionnels de Gohitafla, en tenues d’apparat, se sont avancés avec solennité pour remettre à Hubert Oulaye Marc-Arthur une lettre destinée au Président Laurent Gbagbo. Aucune lecture de cette lettre n’a été faite, mais des murmures circulaient déjà dans la foule : « C’est une bénédiction… ? Une promesse… ? Une invitation… ? » Aucune certitude. Ce geste fut accueilli comme un acte sacré. À Gohitafla, l’étincelle semble déjà allumée. La délégation du Ministre Hubert Oulaye était composée de plusieurs personnalités de son cabinet, dont Djè Vincent, ancien député de Gohitafla, Bosson Alla, Directeur de Cabinet, Gouhéré Benjamin, Directeur de Cabinet Adjoint, Louédé Junior, Chef de Cabinet Adjoint, Jules Bognini, Chargé de Mission, et Lori Israël, Conseiller.
Yannick P Bayard
(Envoyé Spécial)























