Quand un choix politique suscite tant de remous moraux, de l’indignation ici et là, au point que les auteurs sont acculés à faire du porte-à-porte pour s’expliquer et expliquer le fond de leur pensée, c’est que les mots « stratégie » et « tactique », autrefois refuge pour masquer notre handicap, ont perdu de leur superbe. On y voit désormais une cachotterie. Parce que rien ne sera plus comme avant. Ici, un autre intellectuel ivoirien, l’ancien prêtre Jean-Claude DJEREKE donne de la voix relativement au vote de monsieur Adama Bictogo par l’ensemble de l’Opposition pour la présidence de l’Assemblée nationale.
La politique n’est pas la religion. C’est en religion qu’on parle de frères. Par exemple, les chrétiens ont coutume de s’appeler frères en Christ, même si cela ne les empêche pas de se poignarder dans le dos ou de se faire des « taper dos ».
En politique, il est sain que les uns gouvernent, appliquent leur projet de société, et que les autres s’opposent lorsque ce projet de société ne sert pas les intérêts du peuple. Il est en revanche malsain, voire dangereux, que les opposants soient d’accord avec ceux qui sont au pouvoir, surtout après une si grave crise dont les profonds contentieux n’ont pas été vidés.
Que le président de l’Assemblée nationale soit élu avec la bénédiction et les voix d’une opposition qui était en octobre 2020 vent debout contre le 3e mandat anticonstitutionnel de Dramane Ouattara est un mauvais signal et pour la démocratie et pour le peuple. Celui-ci devrait enfin comprendre que tous ces politiciens sont des menteurs et que, s’ils étaient vraiment des frères, ils n’auraient jamais utilisé la violence ni la prison pour régler leurs différends.
Avant 2023 et 2025, si le peuple ne veut pas être l’éternel dindon de la farce, il devrait demander des explications à ces gens dont aucun enfant n’a perdu la vie dans les violences et guerres que le pays connaît par leur faute depuis décembre 1999.
Le peuple, le vrai détenteur du pouvoir, devrait leur poser les deux questions suivantes : nos enfants sont-ils morts pour rien ? Jusqu’à quand allez-vous vous « foutre » de nous ?
JCD