À Abidjan, l’atmosphère politique se fait de plus en plus lourde alors que se multiplient les convocations judiciaires ciblant les responsables de l’opposition et du Front commun. Depuis ce weekend des 28–29 septembre 2025, des figures comme Damana Pickass-Dia, Koua Justin, Dahi Nestor, Prince Dali, Blaise Lasm, Ikpo Ladji, Marie Odette Lohourougnon ou le Colonel Kéké Noël sont attendues devant le procureur de la République ou à la préfecture de police. Cette vague d’interpellations intervient à cinq jours de la marche annoncée par le Front commun pour le 4 octobre, qui suscite une nervosité évidente dans les rangs du pouvoir.

Pour de nombreux observateurs, ce tour de vis judiciaire ne relève pas du hasard : il s’agit, selon eux, d’une stratégie de « décapitation » préventive du mouvement de contestation. L’objectif implicite serait d’intimider les cadres de l’opposition et de dissuader la mobilisation populaire, afin d’éviter toute remise en cause du quatrième mandat du président Alassane Ouattara. Face à ces manœuvres, les leaders convoqués restent debout. Parce que la marche du 4 octobre est importante pour la démocratie.
La tension est d’autant plus vive que le RHDP et les autorités font montre d’une posture ferme. Le parti au pouvoir a déjà prévenu que « le désordre ne sera pas toléré », justifiant les actions judiciaires comme des mesures légales nécessaires à la préservation de l’ordre public. Cette rhétorique, jointe à des sanctions ciblées contre l’opposition, alimente l’impression que le droit est instrumentalisé à des fins politiques.
La Côte d’Ivoire se retrouve à un carrefour : une « démocratie sous surveillance » ou un pouvoir en capacité de museler ses contradicteurs pour préserver un statu quo contesté. Reste à savoir jusqu’à quand cette stratégie de pression pourra tenir face à l’indignation populaire croissante.
Germain Sehoué



































