Le rival de Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kiliçdaroglu, a lancé sa campagne pour le second tour de l’élection présidentielle turque le 18 mai 2023, dans l’espoir d’élargir son électorat en se positionnant sur un discours nationaliste. Alors qu’il avait précédemment adopté une approche positive axée sur les véritables problèmes des Turcs, en mettant notamment l’accent sur l’économie, Kiliçdaroglu change de stratégie pour durcir sa campagne.
Le candidat d’opposition a annoncé lors de son discours à Ankara qu’il renverrait tous les réfugiés chez eux dès son arrivée au pouvoir. Il a prévenu que si les réfugiés syriens restaient en Turquie, plus de dix millions de personnes supplémentaires arriveraient, ce qui engendrerait une dégradation de la situation économique avec une forte dépréciation de la livre turque, une hausse des prix, une aggravation de la misère, ainsi qu’une augmentation des crimes, des pillages et de l’influence des clans mafieux et des barons de la drogue dans les villes turques. Il a également souligné les conséquences néfastes sur la sécurité des femmes et des jeunes filles.
Cette nouvelle stratégie de Kiliçdaroglu vise à récupérer les voix du candidat ultranationaliste Sinan Ogan, qui a obtenu 5,2 % des suffrages au premier tour. L’opposition cherche à séduire cet électorat en mettant en avant des propositions fortes sur la question des réfugiés, un sujet sensible en Turquie. Pour cela, Kiliçdaroglu n’hésite pas à durcir son discours et à promettre un rapatriement immédiat des réfugiés en Syrie s’il est élu.
La probable réélection d’Erdogan au second tour de l’élection présidentielle le 28 mai pose la question de la fracture croissante dans la société turque. Alors que Kiliçdaroglu a cherché à rassembler et apaiser une société divisée, le président sortant a axé sa campagne sur des questions identitaires et de sécurité. Cette stratégie risque de diviser davantage le pays et de polariser les électeurs.
Il est essentiel de souligner que cette campagne de Kiliçdaroglu pour séduire les voix nationalistes en durcissant le ton sur la question des réfugiés ne fait pas l’unanimité. Les défenseurs des droits de l’homme et les organisations humanitaires craignent une stigmatisation des réfugiés syriens déjà présents en Turquie, ainsi qu’une remise en cause des principes d’accueil et d’assistance aux personnes fuyant la guerre et les persécutions.
Kemal Kiliçdaroglu, candidat d’opposition en Turquie, tente d’attirer les voix nationalistes en durcissant son discours sur la question des réfugiés. Cette stratégie vise à récupérer les voix du candidat ultranationaliste et à élargir son électorat. Cependant, cette approche soulève des inquiétudes quant aux conséquences sur les réfugiés syriens déjà présents en Turquie et sur la cohésion sociale du pays. Le second tour de l’élection présidentielle sera déterminant pour l’avenir politique de la Turquie et l’équilibre entre les différentes forces en présence.
Germain Séhoué