Il avait promis 1 milliard de francs CFA par jour à la jeunesse ivoirienne. C’était le 25 avril 2023 devant le Congrès à Yamoussokro. Disons 361 milliards pour 2023. A l’annonce de cette promesse, pour une fois, beaucoup de jeunes se sont sentis concernés par cette pluie de milliards. Si 1 milliard est prévu par jour pour la jeunesse, les jeunes chômeurs, bien diplômés, ceux dont les projets sont en souffrance faute de financement, espèrent que cette pluie les touchera.
Il ne devrait pas y avoir de raisons pour que le contraire se produise maintenant que le milliard est versé. Parce que ce fonds leur est destiné, directement. Par quel moyen ce milliard parviendra à ne pas les toucher alors qu’il est pour jeunes ? L’espoir était donc grand. Bien grand. Mais l’on se demandait seulement comment se ferait la répartition de cette somme.
Voilà que, à l’émission NCI 360 du dimanche 30 avril, le ministre de la Promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du Service civic, Mamadou Touré, douche les espoirs de la jeunesse. Selon lui, il ne s’agit pas d’argent à distribuer mais destiné à financer les infrastructures qui vont profiter à la jeunesse.
Lire également https://lhorizoninfo.com/pr-kouame-benjamin-a-guiglo-nous-allons-operer-gratuitement-les-prostates-les-pustules-et-les-hernies/
En clair, c’est le budget du ministère de Mamadou Touré que le Président Ouattara a divisé par 365 (jour) et déclaré comme étant une manne à consacrer par jour à la jeunesse.
Or, c’est comme d’habitude ! Comme par exemple le financement d’un Lycée professionnel ou d’un Centre professionnel. Mais ici, on prend ce montant et on déclare l’avoir donné à la jeunesse. Là où les jeunes attendent des fonds pour financer leurs projets, ils se rendent compte que moralement, on les a roulés dans la farine. Parce que le milliard qu’ils sentait près d’eux, presque à leur portée, s’éloigne aussi rarement !
Ce que le chef de l’Etat a fait, c’est comme s’il divisait le budget du ministère de la Santé, 691 milliards (l’argent destiné à financer des infrastructures sanitaires et autres) par 365 et déclarait qu’il donne par jour aux malades de Côte d’Ivoire 1 milliard 893 millions de francs CFA. Pourtant, il n’en est rien. Les gens se débrouillent pour se soigner. Beaucoup même meurent du minimum.
Mais pourquoi ce qu’il a collé sur dos de la jeunesse, il évite de le coller sur le dos des malades ? Pourquoi a-t-il évité, concernant les autres secteurs de la vie nationale, les autres lignes budgétaires, le langage équivoque qu’il a utilisé pour flouer sa jeunesse bien-aimée ? Pourquoi a-t-il choisi la technique du malentendu congénital créant l’euphorie inutile chez la jeunesse ? Pourquoi ? Pourquoi ne dit-il pas « chaque jour, nous donnerons telle somme aux animaux de Côte d’Ivoire » concernant les ressources animales et halieutiques, etc. ?
Si j’étais encore jeune, je saisirais la justice immédiatement, je porterais plainte pour ENTRETIEN VOLONTAIRE DE FAUX ESPOIR POUR UNE JEUNESSE PARTICULIÈREMENT PREOCCUPEE. Et je suis persuadé que même le juge le plus proche du chef de l’Etat me comprendrait.
C’est vrai que les campagnes électorales sont des occasions où bien de personnes peuvent promettre la lune ou utiliser un langage où chacun croit trouver son compte. Mais la Côte d’Ivoire n’est pas encore en campagne électorale. Et au regard des soucis des jeunes dont plusieurs se jettent dans la méditerranée faute de solutions nationales, il convient de leur offrir du concret. Et non un avenir volatile.
Le chef de l’Etat Alassane Ouattara a bien blagué la jeunesse ivoirienne. Elle croyait vraiment que le milliard journalier lui était concrètement destiné. Elle a pris drap ! Elle s’est trompée. Ou elle a été trompée.
Germain Séhoué